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08/03/2009

Oumma:le Darfour ne vaut pas Gaza

chaplin_dictateur_wilders_fitna.gifOmar El-Béchir ne semble pas être impressionné par les menaces internationales. Il a déclaré que rien ne changerait, ni même sa décision d'expulser plusieurs ONG humanitaires, qui jouent pourtant un rôle crucial pour les centaines de milliers de réfugiés du Darfour.

"La décision de la CPI ne va rien changer aux plans et aux programmes du gouvernement", a déclaré le président soudanais Omar El-Béchir à des membres de son parti et de l'opposition lors d'une réunion tard jeudi soir et dont le compte-rendu a été publié vendredi par l'agence officielle Suna.

Arrivé au pouvoir en 1989 à la faveur d'un coup d'Etat militaire, M. Béchir a depuis remporté l'élection présidentielle de 2000 avec près de 87% des voix dans un scrutin considéré comme une mascarade par l'opposition. Il a néanmoins réitéré son engagement en faveur "d'élections libres et justes" au Soudan. Des élections générales sont prévues cette année, mais la date du scrutin n'a pas encore été déterminée. Selon plusieurs analystes, Omar el-Béchir, 65 ans, devrait briguer un nouveau mandat.

La situation humanitaire inquiète

Par ailleurs, le président sous mandat d'arrêt de la CPI a réitéré son exigence de voir disparaître de son territoire treize ONG internationales actives au Darfour, région de l'ouest du pays en proie à une guerre civile complexe qui a fait 300.000 morts selon l'Onu, mais 10.000 selon les autorités soudanaises, et entraîné le déplacement de 2,7 millions de personnes.

A ce sujet, une responsable de l'Onu a affirmé jeudi que cette décision était contraire aux assurances données par Khartoum que l'aide humanitaire ne serait pas affectée en cas de mandat d'arrêt contre le président Omar el-Béchir. Cette décision "est en contradiction avec les assurances que nous avions reçues selon lesquelles les opérations humanitaires se poursuivraient et seraient protégées", a déclaré à la presse Katherine Bragg, responsable adjointe des opérations humanitaires à l'Onu.

Mme Bragg a indiqué que l'Onu avait pris certaines dispositions de précaution pour le cas où des ONG seraient forcées de partir mais a reconnu que l'ampleur de la mesure décidée par Khartoum avait surpris l'Organisation internationale. "L'échelle (de cette mesure) et son caractère immédiat sont un peu une surprise".

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, les Etats-Unis et l'Union européenne ont exhorté Khartoum à revenir sur sa décision, qui menace l'acheminement d'une aide humanitaire vitale pour des centaines de milliers de civils. Le porte-parole de la Commission européenne pour les questions d'aide humanitaire a indiqué que "la Commission est sérieusement préoccupée par la décision du gouvernement soudanais". "Si les ONG ne voient pas leur statut et l'accès (au pays) réinstaurés immédiatement, cela affecterait gravement la poursuite des opérations humanitaires visant à sauver des vies au Darfour", a-t-il poursuivi. "Des centaines de milliers de vies sont en jeu".

Pour Médecins sans frontières (MSF), dont la moitié des équipes présentes au Darfour a été expulsée, "le gouvernement de Khartoum a une responsabilité énorme. Il prive d'assistance des centaines de milliers de personnes".

Le directeur des opérations de MSF, Stephan Goetghebuer, a expliqué comment l'ordre d'expulsion leur était parvenu: "Nous n'avons reçu aucune explication des autorités. L'expulsion a été immédiate et dure, le matériel a été saisi. Nos équipes ont eu l'impression d'être traitées comme des criminels". Des zones entières et des populations qui dépendent exclusivement de l'aide humanitaire se retrouvent ainsi totalement privées d'assistance, dénonce MSF qui parle d'une expulsion "choquante et révoltante". "Par ces actes, le gouvernement organise un désert sanitaire. L'absence totale d'assistance pour plus de 400.000 personnes", lance Christopher Stokes, directeur général de la section belge de MSF.

MSF tient a rappeler que leur organisation est indépendante. "Nous ne sommes pas liés à la CPI et nous n'avons pas fourni d'informations à celle-ci. Il n'y a pas de raison valable pour expulser de cette manière la moitié des activités de MSF sur place".

Jusqu'à présent, la section de MSF Belgique (qui compte 27 expatriés) n'a pas reçu un tel ordre d'expulsion, de même que les sections suisses et espagnoles. "MSF Belgique entend rester sur place si la situation le permet, mais l'incertitude persiste car des ONG se font encore expulser actuellement et la situation évolue d'heure en heure sur le terrain", conclut MSF.

LeVif.be, avec Belga

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