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24/02/2010

Crime et châtiment

« L'homme s'habitue à tout, le lâche », écrivait Dostoïevski dans son chef d'oeuvre de 1866. Et l'accoutumance, en effet, est, pour le meilleur et pour le pire, un trait essentiel de l'esprit humain. Le meilleur en ce qu'il permet de supporter temporairement les pires privations et les pires servitudes. Le pire en ce qu'il permet, également, de se résigner à les accepter.

Aujourd'hui, seuls les bien-pensants de gauche (et de droite, il y en a beaucoup...) peuvent se permettre de nier l'étendue de la pénétration islamique en Europe en général, et en France en particulier, pénétration « pacifique » tout à fait inédite dans notre histoire.

Il se trouve que la politique d'immigration depuis une trentaine d'années n'a obéi qu'à un seul impératif, d'ordre purement idéologique : surtout, ne rien dire, ne rien faire, ne rien exiger qui ressemblerait de près ou de loin à une politique d'assimilation. Les ressorts de cette idéologie tiennent en quelques notions simples : dénigrement de toute idée nationale et patriotique, relativisme culturel, tiers-mondisme.

Pour en comprendre les raisons, il faut revenir un peu en arrière. Le marxisme a perdu sa bataille dans le monde réel quand le Mur de Berlin est tombé, et que l'ancienne Russie elle-même s'est débarrassée des bandelettes soviétiques qui l'enserraient, au cours d'une révolution spontanée et pacifique. Seulement, penser que le communisme disparaitrait à l'Ouest serait sous-estimer totalement la capacité du système idéologique à se reformer (et non réformer) de lui-même, et en circuit fermé. Que la réalité de tous les « paradis socialistes » n'ait été synonyme que de génocides, répression et goulags, voilà qui importe peu, dans la mesure où cette idéologie, par nature, refuse toute confrontation avec le réel. D'où la « grande parade » évoquée naguère par feu Jean-François Revel, qui a consisté, pour le marxisme ouest-européen, et particulièrement français, à nier les fruits pour mieux glorifier les graines purement intellectuelles.

En somme, il s'est opéré la répétition du tour de passe-passe khrouchtchévien : charger les dirigeants réels du communisme pour sauver l'Idée, nécessairement mal appliquée. Accabler Staline pour, surtout, sauver Lénine. D'où la formidable et inquiétante vitalité des partis trotskistes, s'engouffrant dans la brèche et avançant la figure de martyr de leur chef de file, en en faisant la victime pure et innocente du « mauvais » communisme stalinien, oubliant au passage le rôle prépondérant de Léon Trotski dans l'établissement du régime totalitaire soviétique. Mais si ce tour de prestidigitation politique a pu réussir, c'est qu'il a croisé la route d'un autre courant idéologique, celui du tiers-mondisme issu de la décolonisation (et nourri par le parti soviétique...), courant qui a fini par se fondre en lui, au point qu'on puisse dire aujourd'hui, sans se tromper, que le néo-marxisme est un marxisme mutant, ayant conservé ses grilles d'analyse en changeant seulement le contenu des cases idéologiques qui le font fonctionner.

Ainsi, pour figurer le rôle indispensable de l'opprimé, et puisque le prolétaire avait décidé de ne pas jouer le jeu (préférant infiniment se trouver une place au soleil de la consommation capitaliste), il a été convenu de remplacer ce dernier par un autre « perdant de l'histoire » tout trouvé : le décolonisé, l'immigré du Tiers-Monde. « L'anti-racisme est le communisme du XXIème siècle », dit justement Finkielkraut.

La définition de l'oppresseur, également indispensable à la théorie, déborde donc naturellement du cadre étroit que constituait le grand bourgeois industriel pour devenir, tout simplement, l'Européen, accablé de la plupart des maux de la terre : « exploitation » de l'Afrique, massacre des Indiens d'Amérique, pollution et trou dans la couche d'ozone, esclavagisme patenté, impérialisme assoiffé de pouvoir et de domination, initiation de tous les génocides, jusqu'à celui du Rwanda.

Or, c'est seulement en ayant en tête cette toile de fond que l'on peut s'expliquer les succès non-contredits de l'offensive islamique ici et maintenant. Car l'islam, n'est-ce pas, c'est la religion du pauvre. Victime innocente des Croisades, victime innocente de la Reconquista, lui qui avait démontré la supériorité de sa civilisation si tolérante en Espagne. Victime innocente de la colonisation, évidemment, et, nécessairement, héros célébré des indépendances nord-africaines.

L'islam est le simple contenu d'une case idéologique, comme le furent en leur temps les Juifs. Sortant d'Auschwitz et victime de la barbarie nazie, le Juif était en effet un prétexte et une caution de toute la haine marxiste des sociétés européennes traditionnelles, assimilées, par le gigantesque contresens de la reductio ad hitlerum, au régime national-socialiste. Toutefois, le Juif a cessé de servir les intérêts de l'idéologie quand il s'est permis, contre toute attente, d'imiter les réflexes de défense qui étaient naguère celui des Européens, et, jusqu'à aujourd'hui, celui de l'Amérique tant honnie. Le Juif a cessé d'être caution idéologique quand il s'est permis, en Israël, de passer de l'autre côté de la barrière pour devenir un « oppresseur » enraciné dans sa terre, et prêt à défendre cette dernière les armes à la main. Le Juif devient donc sioniste, et le sionisme, à l'instar des patriotismes d'Europe, est lui aussi assigné à une case du système idéologique, celle de l'oppresseur à abattre.

Or, par nature, l'histoire de la décolonisation, croisée à celle d'Israël (et cristallisée dans la crise de Suez tant combattue par l'Union Soviétique), a permis de faire entendre la voix d'un islam jusque là assoupi. Islam, religion des colonisés, religion des opprimés, religion des pauvres, donc religion intouchable...

Il n'y a donc pas lieu de s'étonner de la mansuétude coupable avec laquelle nos élites, sans exception formées ou domptées par l'idéologie de gauche (jusqu'à un Sarkozy qui prétendait, pour la galerie, s'en défendre...), entourent les progrès de l'islam en France.

L'assimilation étant rejetée comme étant par nature d'essence raciste, l'intégration n'étant qu'un magma de demi-mesures, on en arrive mécaniquement au communautarisme, paradoxalement attelé à l'hystérie dominante du métissage. Car évidemment, l'idéologie bien-pensante n'en est pas à une contradiction près, elle qui nie l'existence des races humaines en commandant instamment qu'elles se mélangent ! Et on nous demande, que dis-je ? On exige de nous le multi-culturalisme, le métissage, en glorifiant de manière totalement déplacée et délirante l'élection de Barack Obama aux Etats-Unis. McCain, voyez-vous, était trop républicain et, surtout, trop blanc. Il ne souffrait pas une seconde la comparaison avec la figure messianique du candidat démocrate, paré de toutes les vertus métissolâtres en raison de la couleur de sa peau (car sinon, comment expliquer le vote proprement ethnique de la communauté noire américaine ; comment expliquer l'unanimisme total des médias français pour Obama ?) ! Où l'on voit que l'idéologie du métissage est purement et simplement raciste...

Mais au moment même où on demande au Méchant de l'Histoire, c'est-à-dire au petit Blanc ,forcément aigri et figé dans ses certitudes identitaires, de s'ouvrir à la « diversité », on lui demande également de s'habituer, sans mot dire, à la transformation progressive de son pays que constitue l'arrivée massive de l'islam et ses revendications.

Le cas tout récent du désormais célèbre « Quick hallal » n'en est qu'un exemple grotesque parmi d'autres. Ainsi, au coeur de la France, un restaurant propose à sa clientèle une nourriture exclusivement estampillée « islamiquement correcte ». Le choeur des bien-pensants les plus engagés, légèrement mal-à-l'aise devant le caractère un peu trop ostentatoire de la démarche, nous assurent pourtant : « En quoi cela vous gêne-t-il ? Vous pouvez manger hallal, vous, alors que les musulmans, les pauvres, ne peuvent consommer des aliments jugés impurs par leur religion... ». Et qui sommes-nous, pauvres mécréants, pour oser critiquer une telle religion ? S'il s'était agi du christianisme, certes, la question eût été différente. Mais l'islam ! La religion des pauvres... Pensez donc ! Vous risqueriez, au pire, une fatwa, au mieux les remontrances croisées (si l'on peut dire...) de Dalil Boubakeur et Malek Chebel !

De même, on nous apprend, en plein faux débat sur la burqa, qu'un agent féminin des forces de police de Paris vient depuis quelques années à son travail en portant le voile intégral (1). Ailleurs, on nous rapporte le cas d'une autre femme, employée d'une crèche d'Ile-de-France, renvoyée car elle refuse de quitter son tchador (2). Rassurons-nous, pour ce dernier cas au moins, la HALDE, scandaleux appareil administratif inquisitorial aux pouvoirs judiciaires, veille et vient intimider la direction de la crèche, donnant raison à l'employée musulmane, forcément persécutée dans ses croyances.

Du reste, dans cette histoire de voile, où est le problème ? N'est-ce pas l'inénarrable Gérard Miller qui nous demande de ne pas stigmatiser toutes ces féministes en puissance (« foutez-leur la paix! », dit-il), prévoyant avec naturel l'avènement prochain d'un âge enfin vraiment anti-raciste où « le niqab deviendra un truc très classe complètement intégré dans la société » ? (3) Evidemment, ici comme ailleurs, Gérard Miller se trompe lourdement. Ce n'est pas le niqab qui sera intégré à la société, mais, si on n'y prend pas garde (et on n'y prend pas garde !) la société qui sera intégrée au niqab... Mais je suis conscient, par ces seules lignes, pourtant anodines, de m'exposer aux foudres de la HALDE, qui veille, comme d'autres polices politiques en leur temps...

Une circulaire locale de l'Education Nationale, rédigée à la fois en arabe et en français (que dit pourtant le premier alinéa de l'article 2 de la Constitution à ce sujet ?), demande instamment aux parents d'élèves s'ils acceptent que leurs enfants, en classes de primaire, apprennent l'arabe ? Habituons-nous... Après tout, n'est-ce pas un enrichissement culturel ? Et d'ailleurs, la langue française n'est-elle pas un peu fasciste, comme nous le révélait jadis Roland Barthes ?

Des musulmans en prière bloquent littéralement des rues de Paris ?  Habituons-nous... Après tout, qui sommes-nous pour juger leur piété ? Et d'ailleurs, ce sont les racistes qui leur refusent des mosquées qui créent cet état de fait. Construisons donc des mosquées (mais avec minarets vertigineux, rien que pour contredire ces fascistes que sont les Suisses !), même sans le dire, à l'instar du maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde qui déclare sans rougir à ses administrés : « Oui, je vous ai caché que ce serait une mosquée. [...] Je n'ai pas voulu l'annoncer à la population car cela aurait forcément créé des tensions. ». Quelle révélation ! Un maire ment pour favoriser la construction d'une mosquée, car il sait qu'en cas de débat public à ce sujet, une partie sans doute non négligeable de ses électeurs auraient des réticences. Alors, il dissimule et passe en force. Car des réticences à l'égard d'une construction de mosquée, pour nos élites, cela ne veut dire qu'une chose, exprimée par cent mots éculés : racisme, intolérance, islamophobie...

Alors il faut « donner des gages à la communauté musulmane ». Réfléchir, par exemple, à la possibilité de reconnaissance officielle de ses fêtes religieuses, comme l'Aïd-el-Kébir. (4) J'entends quelques voix qui osent braver l'ordre du politiquement correct, et qui me chuchotent : « Aïd-el-Kébir, fête non-française ». Mais la France n'a pas d'identité propre, voyons ! N'est-ce pas la conclusion du pseudo « débat sur l'identité nationale » confié au socialiste Besson, lui qui, comme tant d'autres, ne parle de notre pays que comme un vaste couloir ouvert à tous les vents, et riche uniquement, depuis quinze siècles, de la culture des autres ?

Et puis n'oublions pas que l'islam est « en France depuis 3000 ans », selon Djamel Debouzze. Que « les racines de l'Europe sont autant chrétiennes que musulmanes », d'après Chirac. Alors il faut s'habituer. S'habituer à la transformation du paysage culturel, social, religieux et démographique français vers les formes de l'islam, inévitables, de la même manière que l'avènement du communisme était inéluctable, car dans le sens de l'histoire... De toute manière, rester entre nous, nous dit doctement Mme de Fontenay, c'est se condamner à la « dégénérescence ». Et sans se rendre compte du caractère totalement raciste de ses déclarations, elle assène : « Il y a des régions où il n y a pas assez de brassage, où il faudrait amener des Maghrébins, où il faudrait mélanger un peu ». (5)

Entendez les paroles d'une prophétesse de l'ordre médiatique, Français bêtement « de souche » : c'est votre patrimoine génétique lui-même qui est pourri, moisi, et qu'il faut absolument revivifier par un apport nouveau ! Ce n'est pas de l'anti-racisme, c'est tout simplement du contre-racisme. Mais que vous soyez pour ou contre, peu importe, il faut s'y habituer. Vous avez tant à vous faire pardonner, que votre disparition seule dans le paradoxe insoluble de la communautarisation métissée et islamisée est votre seule option !

Oh, l'islam n'est pas le premier responsable. Il s'engouffre aujourd'hui dans nos renoncements comme il l'a fait à chaque fois qu'il l'a pu dans les siècles passés. C'est là son programme, son but, son objet même. Il veut dominer le monde (« Islam will dominate the world », nous disent les pancartes des manifestants islamistes outre-Manche) et joue sa partie d'échec avec cohérence. Les vrais responsables sont nos élites qui, ayant renoncé depuis longtemps à oeuvrer pour l'intérêt général, se replient vers la facilité et le confort de l'idéologie sans nom (c'est sa force) qui a repoussé sur le moignon fumant du communisme du XXème siècle.

Nos idéologues, qui ne sont unis entre eux que par une commune haine de tout ce qui constitue l'identité française, ont évolué, ou plutôt, comme je le disais plus haut, muté. Avant, ils voulaient changer le peuple. Cela n'a pas fonctionné. Alors aujourd'hui, ils veulent changer de peuple. Mais ce sont les mêmes apprentis sorciers, et les potions qu'ils préparent dans leurs chaudrons auront le même goût amer que celles qui ont dévasté le siècle précédent.

Alors, certes, au regard de l'histoire, au regard du peuple français et des autres peuples d'Europe, c'est un crime. Un crime commis sciemment, lucidement et, glaçante ironie, un crime commis en notre nom. Hélas ! L'histoire nous apprend que le châtiment qui suivra inévitablement ne s'abattra jamais que sur nous-mêmes, le peuple, et pas sur les coupables réels, bien à l'abri sous les ors de la République.

 © Mattheus pour LibertyVox  sur  www.libertyvox.com

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