Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/10/2011

Culture de la haine

Cinq jeunes Isérois comparaissent jeudi devant le tribunal correctionnel de Grenoble pour avoir passé à tabac et poignardé en pleine rue un géographe de 23 ans, au printemps 2010, le laissant entre la vie et la mort.

Le 9 avril 2010, vers 23H00, Martin était violemment pris à partie par une dizaine de jeunes dans le centre-ville de Grenoble alors qu'il sortait du tramway, au retour d'une soirée, en compagnie de trois amis.

Selon ses proches, un prétexte futile est à l'origine de l'altercation: la petite amie de Martin avait refusé une cigarette à l'un des agresseurs, car elle venait tout juste d'allumer la dernière de son paquet.

Après un échange d'insultes, Martin avait été roué de coups de poings et de coups de pieds. Tombé au sol, il avait alors reçu deux coups de couteau. Un de ses amis avait lui aussi été blessé en tentant de s'interposer.

Souffrant d'une grave hémorragie, de lésions multiples et d'un poumon perforé, Martin ne fut sauvé que d'extrême justesse après deux interventions chirurgicales et une réanimation intensive au CHU de Grenoble.

Il n'a pu reprendre une activité professionnelle à temps plein que le 15 juillet 2010, plus de trois mois après son agression.

Ce fait divers suscita une vive émotion à Grenoble, et Brice Hortefeux, alors ministre de l'Intérieur, s'était rendu au chevet de la victime.

Eviter trois procès

La plupart des suspects furent arrêtés les jours suivant l'agression grâce aux images de vidéo-surveillance du tramway. La bande de jeunes s'était fait remarquer le soir-même par son comportement. Chahutant, proférant des insultes, buvant du pastis (?) et fumant, ils avaient été expulsés du tramway par des agents de prévention juste avant l'agression.

Sur les dix suspects mis en cause, seuls cinq sont jugés jeudi par le tribunal correctionnel. Les autres, mineurs au moment des faits, le seront ultérieurement par le tribunal des enfants.

Parmi les prévenus, Saad Bensaou, alors âgé de 19 ans, risque la plus forte peine. Déjà condamné pour violence aggravée et vol en réunion en 2009, il a été désigné par plusieurs autres prévenus comme l'auteur des coups de couteaux. Il se serait même vanté d'avoir "charclé" ou "planté" la victime auprès de ses amis, selon une source proche de l'enquête.

Bensaou a en outre été filmé dans une rame de tramway peu après l'agression en train de nettoyer la lame d'un couteau. Niant d'abord les faits, il a ensuite prétendu que la victime était tombée sur son opinel. Il a enfin affirmé qu'il l'avait blessé involontairement.

Né en Algérie d'un père maçon, Saad Bensaou n'avait pas de travail depuis plus d'un an au moment des faits, ayant abandonné sa scolarité après avoir échoué à décrocher un BEP d'électrotechnique.

Initialement mis en examen pour tentative de meurtre, ce qui est passible des assises, Bensaou a finalement été renvoyé en correctionnelle pour violences volontaires avec arme et en réunion, en accord avec la victime. Cela afin d'éviter trois procès pour une même affaire, aux assises, en correctionnelle et devant le tribunal des enfants.

Par Antoine AGASSE sur www.lesechos.fr

Les commentaires sont fermés.