Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/09/2007

Le mois de la coercition a debuté

Le mois du jeûne s'ouvre demain matin en France. Les musulmans non pratiquants sont souvent amenés à observer les prescriptions contre leur gré.

LES DEUX filles étaient en train de prendre un verre dans un bar de la Seine-Saint-Denis. En plein mois du ramadan. « Le frère de l'une d'elles est entré et leur a enjoint sans mesure de vider les lieux », raconte, un an plus tard, un élu local du département qui, « du fait de (ses) responsabilités », préfère conserver l'anonymat. « Énervé du ton employé par le frère, un consommateur s'est interposé et la bagarre a commencé. » Pour l'élu, d'origine marocaine, ce type d'incident reste « isolé » mais est caractéristique des dérives d'une pratique religieuse « devenue massive » à l'occasion du ramadan.
Selon un sondage CSA-La Vie de 2006, si 49 % des musulmans interrogés ne vont jamais à la mosquée, 88 % des sondés respectent cependant les prescriptions du mois "saint" (mon cul NDR) en matière de jeûne, de prières ou d'exercice de la charité. Ils étaient 60 % à déclarer jeûner en 1989 et 70 % en 2001.
L'élu de Seine-Saint-Denis se sent particulièrement concerné, lui qui s'apprête à jeûner pendant un mois sans pour autant être croyant. Il affirme simplement vouloir « être sur la même tonalité que les autres » mais reconnaît que « la culpabilité est parfois vive pour ceux qui ne suivent pas le ramadan dans un environnement musulman ».
C'est le cas de Saïd, 35 ans, qui redoute d'annoncer à sa mère - chez laquelle il vit en banlieue parisienne - son intention de ne pas suivre le ramadan cette année. « Je viens de prendre un nouveau boulot et je ne peux pas prendre le moindre risque de fatigue ou de stress. Mais je crains sa réaction et celle de mon entourage. » Saïd sait qu'il va devoir feindre le jeûne devant les voisins.
De plus en plus formalistes
La pression est valable pour les jeunes générations, « mais aussi pour les seniors qui veulent montrer l'exemple », note Sonia Imloul, présidente de l'association Respect 93. Selon elle, la pratique religieuse attire les familles qui ne savent pas comment sortir leurs enfants de la délinquance. « Lors du ramadan, elles sont donc particulièrement sensibles aux discours des religieux, dont les enfants ne traînent pas dans les rues ou dans les commissariats. » Au risque, par ignorance, de suivre des prescriptions de plus en plus formalistes.
Sur Internet, les forums de discussion regorgent ainsi de questions du type : « Est-il possible de se laver les dents au risque de boire de l'eau ? » Et, sur le site de la Grande Mosquée de Lyon, on apprend même que le vomissement involontaire est toléré « à condition qu'une fois (les aliments) arrivés à la bouche, de n'en rien retourner à l'estomac » (sic,sic,sic!).
Face à cette situation, l'intellectuel musulman Ghaleb Bencheikh tire la sonnette d'alarme. « Jusque dans les cours de récréation on ressent cet engouement croissant pour le jeûne et l'opprobre dont sont victimes ceux qui ne suivent pas les préceptes. Des zélateurs de bazar en profitent et donnent dans la crétinisation des esprits. » L'occasion pour lui d'appeler « au réveil des cadres musulmans responsables ». Sinon, prévient-il, « ceux qui cherchent à restaurer lors du ramadan une identité culturelle ou religieuse prétendument blessée resteront à la merci des imams ignares ».

www.figaro.fr


Les commentaires sont fermés.