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12/07/2008

Les amitiés sanglantes de Besancenot

On savait que le nouveau parti anticapitaliste d'Olivier Besancenot s'inscrivait sous le signe de l'extrême. On apprend maintenant que, à la manière de certaines civilisations disparues, il ne dédaigne pas de l'illustrer par des références aux sacrifices humains. Des responsables de la LCR ont en effet reconnu avoir eu récemment des contacts avec Jean-Marc Rouillan, et Besancenot aurait même déjeuné avec lui. Or ce Rouillan est le fondateur du groupe terroriste Action directe, arrêté puis amnistié par Mitterrand en 1981, puis assassin en 1982 d'un indicateur de police, ensuite du général Audran en 1985, et du PDG de Renault, Georges Besse, en 1986. Condamné pour cela à perpétuité en 1989, il est en semi-liberté depuis 2007 et travaille dans une maison d'édition. A l'image du terroriste italien Battisti, bénéficiaire en son temps de la part du même président d'un droit d'asile en forme d'affront au mandat d'arrêt international lancé contre lui par la justice italienne, pour assassinat là encore. On retrouve la fascination récurrente d'une certaine gauche française pour le rouge, en l'occurrence le rouge sang. Mais ce qui, chez Mitterrand, était une posture couvrant un calcul électoral (pas d'ennemi à gauche) correspond chez Besancenot à une logique qui veut que l'extrémisme ne se divise pas. A ce compte, la transgression devient un principe sacré. Et à ce titre, les valeurs de la vie peuvent elles-mêmes être récusées, dès lors qu'elles sont reconnues aussi par la « morale bourgeoise ». Par ses emportements répétés contre la société, le discours d'extrémisme acclimate une culture du « non » qui séduit tout ce qu'elle compte d'utopistes, de malchanceux, d'aigris, ou simplement de rétifs aux servitudes de l'action concrète. De fil en aiguille, quiconque en transgresse les règles, y compris dans le crime, peut bénéficier d'une présomption de légitimité. Ce fond de pathologie dialectique asseyant, à l'expérience, un fonds de commerce électoral, on comprend que les socialistes s'en inquiètent.
Le malheur est qu'à force de contester tous les repères, il n'y a plus de repères. Le LCR Alain Krivine vient de déclarer que Rouillan peut rejoindre leurs rangs, et « qu'on ne demande pas aux gens leur passé ». Un peu plus prudent, car à la tête d'un petit capital de popularité, Besancenot a rappelé dans un souffle qu'il désapprouvait les méthodes d'Action directe de l'époque. Flairant le danger, il a fait cette petite concession à la vertu bourgeoise de la gestion. Mais ce service minimum de la gêne est sans commune mesure avec les cadavres encombrants de ce forcené, dont on dit au surplus qu'il ne regrette rien. Il est vrai que le succès même du nouveau leader anticapitaliste ne doit rien à la cohérence, au contraire.

SOURCE: www.lesechos.fr

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