01/10/2014
Le resumé parfait d'Ivan Rioufol
Vu sur Figaro.fr et absolument parfait dans son analyse:
Une constatation : nombreux sont ceux qui, cet été en France, sont descendus dans les rues pour montrer leur solidarité avec le Hamas et son idéologie islamiste, en guerre contre Israël et les juifs. Or ceux-là jugent inutile de montrer leur distance avec l’Etat islamique, qui a égorgé Hervé Gourdel au nom d’Allah. En 2012, seule une centaine de Français musulmans avait répondu à l’appel de l’imam Chalghoumi, pour dénoncer les tueries de Mohamed Merah (mon blog, ici). Vendredi, cinq cents personnes se sont retrouvées devant la Mosquée de Paris pour dire "Non au terrorisme". Mais le recteur Boubakeur lui-même a refusé de parler "d’islam ou d’islamisme", pour désigner la décapitation commise en Algérie. "Les musulmans sont éloignés de tous les extrémismes, de tous les radicalismes", a-t-il déclaré. Une position reprise par Valérie Pécresse (UMP) : "Non, l’islam n’a rien à voir". "Redressez la tête ! Soyez fiers de ce que vous êtes", a dit Mgr Michel Dubost. Abderrahmane Dahmane, du parti des démocrates musulmans de France, a même lancé : "Le djihad c’est la volonté d’être un musulman de paix". Dimanche, place de la République, ce dernier a organisé un maigre contre-rassemblement, avec drapeaux algériens, pour se dissocier du meeting organisé à cinquante mètres par SOS-Racisme, la Licra, le Mrap, Le PCF, etc, qui a regroupé un millier de personnes. Mais là encore, les discours ont justifié le refus de se désolidariser des djihadistes. Dominique Sopo (SOS Racisme ) : "Pour se désolidariser , encore faudrait-il avoir été solidaires". La novlangue et le sophisme sont sortis grands vainqueurs de ces mobilisations.
Les fanatiques du califat peuvent se féliciter du fiasco des dénonciations. La déstabilisation des démocraties ouvertes, recherchée par l’Etat islamique, consiste à séparer de plus en plus les musulmans d’Europe des sociétés déjà méfiantes à leur égard. La confrontation civile est l’objectif final, singulièrement en France. Or, en refusant de faire une distinction entre l’islam et l’islamisme, qui permettrait d’accuser uniquement ce dernier des dérives totalitaires qui caricaturent la religion, les représentants de la communauté et les belles-âmes rendent service à ces croyants bas du front qu’ils disent vouloir combattre. En effet, ils rendent, aux yeux de l’opinion, les musulmans solidaires.La dialectique déployée ces jours-ci par le gratin du politiquement correct, dans sa tentative de récupération et d’étouffement de l'indignation collective, vise au bout du compte à voir le méchant dans celui qui invite le musulman à se dissocier de l’islam radical, et le gentil dans celui qui se dit victime d’islamophobie parce que sa passivité serait suspecte . Dimanche, il a plus été question des musulmans traumatisés d’avoir à dénoncer des égorgeurs, que du martyre des chrétiens d’Orient et du sort des Français désormais désignés comme cibles. Les salafistes, qui investissent les cités et s’adonnent aux lectures littérales du Coran, n’ont rien à craindre de ces faux résistants. Ils ne cherchent qu’à disculper l’islam et ses avatars de leurs responsabilités.
IVAN RIOUFOL www.figaro.fr
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