22/09/2015
Islamistes "modérés" , la fin d'un mythe
Le 16 septembre dernier, le général Lloyd Austin, chef militaire des forces américaines au Proche-Orient, était auditionné par la commission des forces armées du Sénat américain. Il y faisait un aveu de taille : Washington ne réussit pas à constituer une force militaire syrienne crédible contre l’État islamique. Publiquement, Lloyd Austin n’a rien fait d’autre qu’enterrer le mythe des « rebelles modérés », dont la modération n’a jamais été effective ailleurs que dans les discours occidentaux.
L’année dernière, le Pentagone avait vu les choses en grand : l’objectif était de former 5.000 combattants dès la première année, pour un budget de 500 millions de dollars. La mission était claire : se battre contre l’État islamique et non d’abord contre Bachar el-Assad. Résultat : impossible de trouver des volontaires. 54 ont d’abord été formés, puis directement attaqués par le Front al-Nosra à leur arrivée en Syrie. Il ne reste, aujourd’hui, que quatre ou cinq (le Pentagone ignore même le nombre exact !) combattants opérationnels de cette première équipe. Vendredi dernier, un autre groupe de 75 « rebelles » entraînés par la coalition internationale entrait sur le sol syrien par la frontière turque.
Il n’y a pas d’autres combattants : le Pentagone a reconnu avoir un problème de « recrutement »… Au total, 140 « rebelles » ont donc répondu à l’appel des États-Unis, les autres ayant sans doute préféré continuer à se battre contre l’armée et la population syriennes plutôt que d’affronter l’État islamique. Le mensonge vole en éclats, les « rebelles modérés » n’ont jamais été qu’une fable.
L’envoi d’armes et de financements de la part des Occidentaux était, en revanche, bien réel. Ils sont donc arrivés entre les mains de groupes islamistes armés bien plus pressés de détruire la Syrie que d’achever l’État islamique.
Rien de bien étonnant, d’autant que plusieurs autorités américaines avaient déjà dénoncé la responsabilité américaine dans l’ascension fulgurante de l’État islamique.
Le vice-président Joe Biden a récemment affirmé, lors d’un discours prononcé à Harvard, que la « coalition anti-État islamique », emmenée par les États-Unis, avait financé et armé différents groupes terroristes qui avaient ensuite formé l’État islamique.
Le chef d’état-major interarmées Martin Dempsey a, quant à lui, affirmé devant le Sénat que certains pays sunnites de cette même coalition ne se contentaient pas de soutenir l’État islamique : ils le financent également.
En 2012 déjà, l’agence de renseignement américaine avait été obligée de publier un rapport sur le sujet, en vertu de la loi pour la liberté d’information.
Le document affirmait que les pouvoirs occidentaux et leurs alliés sunnites soutenaient les terroristes islamistes dans l’espoir de voir naître un État islamique dans l’est de la Syrie.
L’ancien directeur de cette agence avait même dénoncé un soutien « obstiné » de Barack Obama aux islamistes d’Al-Qaïda…
Depuis le début, les Occidentaux savent exactement qui ils soutiennent. Ils ne se sont pas trompés, ils ont délibérément choisi d’ébranler la Syrie et de plonger 23 millions de Syriens dans une guerre interminable.
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