04/12/2006
Mutilations sexuelles féminines: la face cachée de l'islam
Malgré une loi plus sévère, ces traditions barbares se perpétuent, plus discrètement. Les ministères de la Santé et de la Cohésion sociale réunissent aujourd'hui les professionnels pour renforcer la prévention.
Si cette pratique barbare a clairement régressé depuis les grands procès des années 1990, elle ne s'est pas totalement éteinte et certaines familles excisent maintenant leurs filles à la puberté, au pays. Pour améliorer la prévention, les ministères de la Santé et de la Cohésion Sociale ont jugé opportun de réunir aujourd'hui des professionnels des secteurs sanitaire et social à l'Institut Pasteur à Paris. L'occasion de rappeler que depuis la loi d'avril 2006 sur les violences faites aux femmes, les mutilations sexuelles sont aussi punies lorsqu'elles sont commises hors de France.
Si la répression s'est durcie, la prévention reste délicate. De nombreuses jeunes filles découvrent sur le tard qu'elles ont été excisées bébé. « À 20 ans, toute leur vie bascule, avec l'impression d'être anormales et fichues », explique Emmanuelle Piet, médecin au département PMI en Seine-Saint-Denis. Mais peu osent dénoncer leurs parents.
Fatou Bah, elle, a décidé de témoigner ouvertement pour Le Figaro afin que sa fille ne soit pas à son tour excisée.
Fatou, excisée, lutte pour sauver sa fille
Née dans l'Ain de parents guinéens, Fatou s'est crue française jusqu'à onze ans. Une enfant comme les autres. Jusqu'à ce voyage en Guinée, avec sa soeur aînée, pour « soit disant connaître la grand-mère avant qu'elle ne meure ». La première semaine est calme. Des femmes inconnues passent. Le père palabre. L'excision se prépare et elles jouent sans le savoir. Elles se retrouvent un après-midi allongées dans une pièce avec six autres petites filles. L'une d'elles mourra devant les autres, juste à côté de Fatou. Son père menace : « Ne dis jamais rien à personne, sinon je te tuerai. »
Une fois en France, sa mère la montre comme un trophée aux voisins guinéens du quartier qui la félicitent : « C'est bien, tu n'oublies pas les traditions. » Et lorsque Fatou pleure, sa mère gronde : « Si tu nous dénonces, nous irons en prison, vous serez placées à la Ddass, vous serez battues et vous n'aurez rien à manger. » De quoi terrifier une enfant de onze ans, qui s'est élevée dans le silence, la honte et la rage rentrée.
En 1994, Fatou accouche d'une fille sans père. « Une honte pour une famille musulmane », lui assènent ses parents, qui la marient de force à un Guinéen vivant aux États-Unis, et prennent la garde de l'enfant.
La justice attentiste
Après plusieurs années, beaucoup de coups, de pleurs et trois autres bébés, Fatou décide de divorcer et de récupérer sa fille aînée et deux de ses garçons, confiés à ses parents pour échapper aux violences de leur père. Mais sa famille lui tourne le dos. Seule dans un foyer, sans travail, elle se voit refuser l'autorité parentale. C'est lorsque ses parents ont évoqué l'excision de sa fille qu'elle s'est « réveillée ».
Depuis, Fatou se bat, en vain. La juge pour enfants de Bourg-en-Bresse, qui n'a pas souhaité répondre au Figaro, ne semble pas croire au danger. « Les grands-parents ont juré qu'ils ne feraient rien et cela lui suffit », regrette Isabelle Gilette-Faye du Groupe abolition des mutilations sexuelles (Gams). « En Ile-de-France, les juges sont sensibilisés aux risques. Ailleurs, certains attendent que cela arrive pour réagir. »
Fatou insiste : « Mes parents ont excisé ma soeur cadette il y a cinq ans. Il y a des gens qui ne s'adaptent pas, qui restent archaïques. » La jeune femme de 31 ans demande une interdiction de sortie de territoire, pour protéger sa fille de 13 ans. Pour que l'adolescente ne se retrouve pas un après-midi, dans un village africain, à crier dans le vide...
13:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islamisation
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