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22/05/2007

Fatah al-Islam: un "Etat coranique" dans l'Etat communautariste libanais

EXTRAIT DE www.figaro.fr:

LES SPÉCIALISTES de la lutte antiterroriste braquent de nouveau leurs radars sur le Liban, où, depuis un an, les signaux d'alarme se multiplient. Au printemps 2006, deux Libanais et un Palestinien ont été accusés par les États-Unis de vouloir faire exploser un train sous la rivière Hudson à New York. L'été dernier, six personnes, originaires du pays du Cèdre ont été arrêtées en Allemagne, alors qu'elles s'apprêtaient à placer des bombes sur une voie ferrée. À Beyrouth, on craint désormais l'implantation clandestine de cellules liées à al-Qaida. La mouvance terroriste chercherait à exploiter l'aggravation des frictions confessionnelles entre chiites et sunnites et la faiblesse des services de sécurité, deux ingrédients du chaos irakien, dont l'extension au Liban est redoutée. Deux ans après le départ forcé de l'armée syrienne dans la foulée de l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, les intérêts de l'Occident, qui soutient le gouvernement Siniora contre ses opposants pro-syriens et pro-iraniens, sont désormais menacés. Pour le général français Alain Pellégrini, qui a quitté en début d'année le commandement de la force des Casques bleus au Liban (Finul), « des petits groupuscules sunnites affiliés d'al-Qaida » constituent aujourd'hui « le danger numéro un ».           

Attaquer la Finul
Zones de non-droit depuis des décennies, les camps de réfugiés palestiniens offrent un terreau propice. En lisière de Saïda, au sud de Beyrouth, Ein Héloué et sa milice salafo-djihadiste Osbat al-Ansar (la ligue des partisans) ont longtemps représenté le principal foyer d'instabilité. Désormais, le curseur est pointé à 90 km au nord de la capitale, dans le camp de Nar el-Bared, haut lieu de la contrebande, où une centaine de combattants arabes, membres d'un groupe jusque-là inconnu, Fatah al-Islam, qui se reconnaît des affinités idéologiques avec al-Qaida, sont encerclés par l'armée libanaise.
Depuis que les autorités ont annoncé, à la mi-mars, l'implication de quatre membres du groupe dans un double attentat contre un minibus dans la montagne au-dessus de Beyrouth, l'armée menace de déloger les irréductibles. Ces derniers, retranchés dans trois usines désaffectées, disposent de l'arsenal le plus puissant parmi les factions du camp (orgues de Staline, canons, jeeps). À la tombée de la nuit, des barbus portant lance-roquettes antichars ou fusils mitrailleurs s'entraînent près d'une permanence gardée par des sentinelles armées. « Notre objectif est de combattre les juifs en Palestine, nous voulons y implanter la bannière de l'islam », jure Abou Salim, le visage masqué.
Damas accusé de « récupération »
Fauteurs de troubles pro-syriens ? Djihadistes liés à la mouvance terroriste al-Qaida ? « Il s'agit d'une création syrienne pour semer le chaos », assure le général Ashraf Rifi, patron des Forces de sécurité intérieure (FSI). Affiliés au Fatah Intifada, un groupe palestinien pro-syrien basé à Damas, leurs dirigeants auraient été retournés pendant leur détention en Syrie, avant d'être envoyés au Liban. Fatah al-Islam ne compterait qu'une demi-douzaine de Palestiniens aux côtés de Syriens, de Saoudiens, d'autres djihadistes arabes ayant combattu en Irak, ainsi que d'une cinquantaine de radicaux sunnites libanais. Deux membres du Fatah al-Islam, livrés aux FSI par des milices rivales, auraient raconté aux policiers avoir reçu instruction d'attaquer la Finul, qui est déployée au sud du Liban.
Pour se disculper, le groupe se baptise alors Fatah al-Islam, et fin novembre, ses troupes s'installent à Nar el-Bared, en prenant possession des bases et de l'armement du Fatah Intifada. Sans la moindre résistance, preuve supplémentaire que Fatah al-Islam n'est alors qu'une couverture islamiste du "laïc" (laïc mon cul! NDR) Fatah Intifada. Mais aujourd'hui, les Syriens contrôlent-ils toujours leurs « agents » ? Entre vrais salafistes et néo-islamistes, des tensions ont surgi. Des intégristes libanais et des salafistes saoudiens ont quitté le camp ces dernières semaines. « Nous en avons arrêté trois qui s'apprêtaient à sortir du pays, indique le général Rifi, l'un est un chef religieux, convaincu que le groupe n'est pas vraiment islamiste, mais plutôt manipulé. » Méfiant, Fatah al-Islam vient de riposter en emprisonnant un salafiste, qui voulait prendre la fuite.
« Les méthodes du Fatah al-Islam ne ressemblent en rien à celles d'al-Qaida, affirme cheikh Omar Bakri Mohammed, proche de la mouvance terroriste à Tripoli. Jamais al-Qaida ne se déclare avant un attentat. » « Nous ne sommes liés à aucun pays, à aucune organisation », répète le chef du Fatah al-Islam, Shaker Absi, après avoir pourtant reconnu des liens avec l'organisation de Ben Laden. En 2003, les Syriens avaient condamné cet ancien pilote palestinien, formé en Libye, à trois ans de prison, en « découvrant » ses connexions avec Abou Moussab al-Zarqaoui, le représentant d'al-Qaida en Irak. Mais pour des responsables libanais, les Syriens se servent de lui, comme des groupes palestiniens qui leur sont inféodés, pour encadrer puis canaliser, en Irak ou au Liban, des djihadistes qui transitent par leur pays. Damas dément ces accusations de « récupération ». « Nous redoutons que d'autres cellules du Fatah al-Islam soient implantées dans la banlieue sud de Beyrouth », conclut le général Rifi, pointant ainsi le danger de djihadistes évanouis dans la nature, plus ou moins liés à al-Qaida, mais prêts à frapper.

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