25/10/2007
La libanisation de la France n'est pas pour demain mais pour aujourd'hui
Les dealers s'y intimident à la Kalachnikov. Une balle a traversé une école primaire remplie d'enfants et la population a peur.
IRIS, perce-neige, nénuphars... À Sevran (Seine-Saint-Denis), d'inoffensives fleurs ont donné leur nom aux rues de la cité basse. Mais c'est bien le cannabis qui étend ici son emprise sur le terreau de la violence.
Le 18 octobre, une demi-heure avant la sortie des classes, une balle a traversé une salle de cours de l'école François-Villon. Par miracle, aucun enfant n'a été touché. Au pied de ces tours que les habitants qualifient eux-mêmes de « cages à poulet », les riverains ont la conviction que ce tir est l'oeuvre de l'un des jeunes trafiquants qui pourrissent leur quotidien. « Ces petits voyous n'ont peur ni de la justice, ni de la police, ni de leurs parents », s'indigne une mère de famille, pressée de rentrer chez elle. Les animatrices du centre social ne sont guère plus rassurées. Fanta désigne un trou rebouché sommairement dans le mur de la salle de boxe. « Vous voyez, dit-elle, c'est une autre balle. Ils ont même menacé notre directrice ! »
Depuis, la pauvre femme refuse de parler par peur des représailles. « Les enfants sont plus à plaindre, assure son adjointe. Certains se sont mis à ramper dans la classe après le coup de feu. Et il a fallu mettre en place une cellule psychologique à l'école ! »
C'est que la situation se dégrade à Sevran. Depuis l'été, deux personnes ont déjà été blessées par balle : une femme, fin juillet, ainsi qu'un jeune homme ce mois-ci, dont le genou a été perforé pour « dette ». Les dealers ont aussi arrosé à la Kalachnikov la façade d'un appartement. Une mère de famille a même été ligotée par de faux policiers venus s'emparer d'une livraison de stupéfiants. Ils s'étaient visiblement trompés d'adresse.
Le jeune maire communiste de la ville, Stéphane Gatignon, ne se voile pas la face : « Sevran est devenue la plaque tournante de l'Est parisien pour le cannabis, connu ici pour son rapport qualité-prix imbattable », se désole l'élu. « La géographie est idéale pour les trafiquants, à la confluence de la Seine-Saint-Denis, du Val-d'Oise et de la Seine-et-Marne. On vient même de l'Aisne pour s'approvisionner », renchérit un policier du secteur.
En février, la sûreté départementale du 93 a mis à l'ombre quelques caïds du quartier. « Depuis, constate le maire, d'autres bandes veulent profiter de l'aubaine pour leur prendre leur business. » Une opération de prédation en somme, qui amène les dealers des Beaudottes, le quartier voisin, sur les terres de leurs « ennemis héréditaires » pour leur contester par les armes les points de vente les plus juteux.
Sentiment d'abandon
« Avant de tirer, ils sont arrivés déguisés en femme », affirme l'un des « teneurs de murs » de la cité. Pour Saguy, un solide gaillard de 32 ans, présenté comme une sorte de juge de paix du quartier, « les 1 400 euros par mois de salaire d'un travailleur social, ici un revendeur de 20 ans peut se les faire à la minute ». Hamed, éducateur et prof de boxe anglaise, ne craint pas de le dire : « On nous demande de proposer des alternatives aux jeunes désoeuvrés, grâce au sport, à l'école de la troisième chance, à la mission locale. Mais derrière, l'administration ne suit pas et le ressentiment s'installe chez les jeunes. »
Sevran se sent abandonnée. La dernière visite ministérielle en remonte à plus de cinq ans, avec la mise en place du Contrat local de sécurité par Marylise Lebranchu. « De 121 policiers en 2001, le commissariat d'Aulnay, qui coiffe la commune, est passé à moins d'une centaine d'agents », proteste le maire. En une journée, Le Figaro n'a pas croisé une seule voiture de police sérigraphiée aux Beaudottes ou ailleurs en ville. Était-ce le hasard ?
« Je passe mon temps à calmer les pères de famille des enfants de l'école qui menacent de décrocher leur fusil », confie Saguy, inquiet. Pour la première fois depuis les émeutes de 2005, la population pacifique des quartiers commence à perdre ses nerfs. L'exaspération est palpable à chaque coin de rue.SOURCE:www.figaro.fr
Le 18 octobre, une demi-heure avant la sortie des classes, une balle a traversé une salle de cours de l'école François-Villon. Par miracle, aucun enfant n'a été touché. Au pied de ces tours que les habitants qualifient eux-mêmes de « cages à poulet », les riverains ont la conviction que ce tir est l'oeuvre de l'un des jeunes trafiquants qui pourrissent leur quotidien. « Ces petits voyous n'ont peur ni de la justice, ni de la police, ni de leurs parents », s'indigne une mère de famille, pressée de rentrer chez elle. Les animatrices du centre social ne sont guère plus rassurées. Fanta désigne un trou rebouché sommairement dans le mur de la salle de boxe. « Vous voyez, dit-elle, c'est une autre balle. Ils ont même menacé notre directrice ! »
Depuis, la pauvre femme refuse de parler par peur des représailles. « Les enfants sont plus à plaindre, assure son adjointe. Certains se sont mis à ramper dans la classe après le coup de feu. Et il a fallu mettre en place une cellule psychologique à l'école ! »
C'est que la situation se dégrade à Sevran. Depuis l'été, deux personnes ont déjà été blessées par balle : une femme, fin juillet, ainsi qu'un jeune homme ce mois-ci, dont le genou a été perforé pour « dette ». Les dealers ont aussi arrosé à la Kalachnikov la façade d'un appartement. Une mère de famille a même été ligotée par de faux policiers venus s'emparer d'une livraison de stupéfiants. Ils s'étaient visiblement trompés d'adresse.
Le jeune maire communiste de la ville, Stéphane Gatignon, ne se voile pas la face : « Sevran est devenue la plaque tournante de l'Est parisien pour le cannabis, connu ici pour son rapport qualité-prix imbattable », se désole l'élu. « La géographie est idéale pour les trafiquants, à la confluence de la Seine-Saint-Denis, du Val-d'Oise et de la Seine-et-Marne. On vient même de l'Aisne pour s'approvisionner », renchérit un policier du secteur.
En février, la sûreté départementale du 93 a mis à l'ombre quelques caïds du quartier. « Depuis, constate le maire, d'autres bandes veulent profiter de l'aubaine pour leur prendre leur business. » Une opération de prédation en somme, qui amène les dealers des Beaudottes, le quartier voisin, sur les terres de leurs « ennemis héréditaires » pour leur contester par les armes les points de vente les plus juteux.
Sentiment d'abandon
« Avant de tirer, ils sont arrivés déguisés en femme », affirme l'un des « teneurs de murs » de la cité. Pour Saguy, un solide gaillard de 32 ans, présenté comme une sorte de juge de paix du quartier, « les 1 400 euros par mois de salaire d'un travailleur social, ici un revendeur de 20 ans peut se les faire à la minute ». Hamed, éducateur et prof de boxe anglaise, ne craint pas de le dire : « On nous demande de proposer des alternatives aux jeunes désoeuvrés, grâce au sport, à l'école de la troisième chance, à la mission locale. Mais derrière, l'administration ne suit pas et le ressentiment s'installe chez les jeunes. »
Sevran se sent abandonnée. La dernière visite ministérielle en remonte à plus de cinq ans, avec la mise en place du Contrat local de sécurité par Marylise Lebranchu. « De 121 policiers en 2001, le commissariat d'Aulnay, qui coiffe la commune, est passé à moins d'une centaine d'agents », proteste le maire. En une journée, Le Figaro n'a pas croisé une seule voiture de police sérigraphiée aux Beaudottes ou ailleurs en ville. Était-ce le hasard ?
« Je passe mon temps à calmer les pères de famille des enfants de l'école qui menacent de décrocher leur fusil », confie Saguy, inquiet. Pour la première fois depuis les émeutes de 2005, la population pacifique des quartiers commence à perdre ses nerfs. L'exaspération est palpable à chaque coin de rue.SOURCE:www.figaro.fr
13:40 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islamisation, ump, mpf, P2V
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