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15/05/2009

Une Europe de poltrons livrée à l'islam

Une Europe de poltrons s’est livrée à l’Islam. Version originale anglaise : Lily-livered Europe has surrendered to Islam, par Ayaan Hirsi Ali, The First Post UK, 5 mai 2009. Adaptation française : Jean-Marc Léger

Les musulmans se servent des structures démocratiques libérales de l’Europe pour renverser nos libertés durement gagnées

En 2006, j’ai débattu avec Tariq Ramadan, l’auteur du livre Les musulmans d’Occident et l’avenir de l’islam. Et je lui ai demandé, dans l’hypothèse d’une guerre entre l’Egypte et la Suisse, pour laquelle des deux sociétés il serait prêt à mourir.

Mr Ramadan a la double nationalité : il est Egyptien de naissance, et Suisse par naturalisation. Sa réponse a été une réaction de rage à divers niveaux. Par dessus tout, je pense qu’il s’est senti outragé que quelqu’un puisse poser une pareille question. Il a refusé de répondre.

Mr Ramadan, comme de nombreux autres musulmans, peut avoir deux nationalités ou plus. À voir tout ce qu’il dit, oralement et sur le papier, il est clair qu’il est avant tout loyal à l’islam. Je ne doute pas qu’il accepterait de mourir pour l’islam, comme la plupart des musulmans, et c’est son droit. Mais ce que les pays européens ont fait, c’est d’accorder la citoyenneté à des gens qui ne se sentent aucunement liés à leurs sociétés pour le meilleur et pour le pire, pour la prospérité ou la misère, et pour le sacrifice en cas de catastrophe.

Aucun débat n’est plus explosif que celui sur l’avenir de l’islam en Europe

Mais ces gens se libèrent ainsi de l’un des critères principaux qui fondent la citoyenneté. L’allégeance politique à la constitution de votre pays est le minimum exigible. C’est cet état de fait qui est au cœur du terrible livre de Christopher Caldwell, Réflexions sur la révolution en Europe : l’immigration et l’Occident (Reflections on the Revolution in Europe : Immigration and the West, Allen Lane, £17.99), qui s’ouvre sur cette phrase : « L’Europe occidentale est devenue une société multi-ethnique sous l’effet d’un accès d’égarement ».

Cet égarement, que Caldwell met à nu, se traduit dans les politiques d’immigration de l’Europe et très particulièrement dans sa réaction à l’islam. Aucun débat, aujourd’hui, n’est plus explosif, plus sensible, plus embarrassant et plus effrayant que celui sur l’avenir de l’islam en Europe.

En mars dernier, j’ai parlé du livre de Caldwell avec l’intellectuel français Pascal Bruckner. Pour lui, « les Américains [comme Caldwell] ne comprennent pas l’Europe. Il y a beaucoup de musulmans qui, dans leur vie quotidienne, sont plutôt agnostiques et même athées si on s’en tient à leur pratique, et ne sont musulmans que de nom. »

Cela paraît rassurant. Mais ces musulmans agnostiques et non pratiquants, si la situation devenait intenable, mourraient-ils pour l’islam ou pour la France ? À mon sens, le plus probable est qu’ils mourraient pour l’islam.

Caldwell aborde ce point sous un éclairage intéressant. Il ne néglige pas les Européens qui perçoivent l’islam comme un danger pour les valeurs européennes, mais il demande : « Comment peut-on se battre pour quelque chose que l’on ne peut pas définir ? ». Et c’est le problème de l’Europe : incertitude sur ce que nous sommes, sur ce que signifient nos divers drapeaux, incertitude aussi sur les raisons pour lesquelles, à chaque étape, nous réduisons nos dépenses militaires.

L’Europe est devenue le lieu de nouvelles religions, de nouvelles croyances, du multiculturalisme, du cosmopolitisme, du transnationalisme. Tout devient donc relatif. Mais cette incertitude ne touche pas les musulmans. Dans la guerre, l’éthique et l’esprit tribal des musulmans sont bien plus résistants et violents que l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme.

Les chiffres et les idées réunis par Caldwell dans ce livre sont évidents pour de nombreux Européens. Quand je vivais en Hollande, et quand j’y suis retournée, j’ai parlé à des intellectuels européens qui voient la révolution que Caldwell décrit si bien dans son ouvrage. Ils ne parlent pas toujours d’une révolution, ils ne la perçoivent pas forcément comme aussi complète, mais ils voient la crise d’identité européenne.

Photo : En 2006, des musulmans manifestent à Londres contre la publication par des journaux danois de caricatures du pseudo-prophète Mahomet.

Prenons le débat sur la liberté d’expression. En 1989 et après, les provocations au nom de l’islam étaient accueillies sans inquiétude : « Pas de problème ! Nous sommes en Europe, et vous pouvez dire ce que vous voulez, écrire ce qui vous plaît », et ainsi de suite.

Vingt ans plus tard, les Européens ne sont plus tout à fait aussi certains de la valeur de la liberté d’expression. La plupart des membres des médias s’autocensurent. Les livres de classe et les manuels universitaires ont été modifiés de manière à ne pas offenser les musulmans. Et si des mesures législatives punissant le « blasphème » n’ont pas été adoptées, elles ont été envisagées dans la plupart des pays, et on réactive des lois anciennes jamais appliquées.

Aujourd’hui, on vandalise des synagogues au nom de l’islam

Prenons l’antisémitisme en Europe. La sensibilité et le sentiment de culpabilité des Européens à propos de l’Holocauste sont comparables à ceux des Américains à l’égard des Noirs américains. Il y a dix ou vingt ans, il était impensable que des juifs se fassent ouvertement insulter ou prendre pour cible au seul motif qu’ils sont juifs.

Aujourd’hui, au nom de l’islam, on vandalise des synagogues. L’Holocauste est ouvertement nié. Il existe un réseau actif d’organisations musulmanes qui poussent au retour d’Israël à ses frontières antérieures, voire à sa disparition. Des juifs sont harcelés, battus, voire tués. À tout cela ne répondent qu’un silence lugubre et des rationalisations expliquant qu’il ne s’agit pas d’antisémitisme mais de réactions anti-israéliennes. Peut-on imaginer que des choses de ce genre arrivent aujourd’hui en Amérique à des Noirs et ne rencontrent que le silence ?

Prenons l’histoire de la libération des femmes en Europe. Dans les années 1970, les femmes ont brûlé les soutien-gorges, l’avortement a été légalisé presque partout, et le viol entre époux est devenu un crime. Aujourd’hui, de plus en plus d’élites européennes, dont des féministes, nous expliquent qu’il vaudrait peut-être mieux tout simplement respecter la culture et la religion d’une minorité.

Les refuges pour femmes se sont adaptés : au lieu d’apprendre aux femmes qui se présentent comment devenir indépendantes, ils installent des salles de prière et emploient des médiateurs issus de la communauté musulmane. Toute cette médiation ne vise qu’un seul objectif, faire retourner la femme à la situation d’abus qu’elle avait fuie.

Voilà donc un système qui avait été mis sur pied pour servir d’outil d’aide à l’émancipation, et qui a été complètement dévoyé au service de l’objectif d’obéissance des musulmans. Si la femme obéit, le mari n’a plus besoin de la frapper. L’affaire est close.

C’est la même chose pour les homosexuels. Il y a dix ans, il aurait été impensable qu’un sentiment anti-gay puisse s’exprimer sans être condamné. En Hollande, par exemple, nous sommes fiers d’avoir permis aux gays de bénéficier exactement des mêmes droits que les hétérosexuels. Pourtant, aujourd’hui, ils se font agresser dans les rues d’Amsterdam. Pour rester en sécurité dans certains coins d’Europe, les gays et les lesbiennes ont intérêt à masquer leur identité sexuelle.

Les musulmans utilisent le vocabulaire de la liberté pour tenter d’abolir la liberté d’expression

Le paradoxe terrifiant, à propos de ces évolutions, c’est que les immigrants musulmans ont été admis sur le territoire européen au nom des droits et libertés universels que beaucoup d’entre eux piétinent aujourd’hui, alors que les autres se contentent d’observer passivement ou défendent exclusivement l’image de l’islam.

Pire encore, ceux qui agissent pour abolir la liberté d’expression et pour discriminer les juifs, les femmes et les homosexuels le font en utilisant le vocabulaire de la liberté et en passant par des institutions comme le parlement ou les tribunaux, qui ont été créées pour protéger les droits de tous.

Les observateurs américains comme Caldwell, Bruce Bawer, Walter Laqeur et beaucoup d’autres, qui viennent en Europe et écrivent sans œillères sur ces questions, peuvent retourner en Amérique, où ils passeront à un autre sujet et conserveront leur emploi et leur réseau social.

Les Européens qui font la même chose que Caldwell doivent souvent faire face à une campagne d’ostracisme de la part de leurs compatriotes eux-mêmes. Ils courent le risque de perdre leur emploi, d’être bloqués dans leur avancement, ou de n’être plus invités dans les cercles dont ils font partie. Les plus entêtés, comme Geert Wilders, sont poursuivis en justice et on va même jusqu’à leur refuser l’accès à un pays voisin.

En réalité, si l’Europe tombe, ce n’est pas à cause de l’islam. C’est parce que les Européens d’aujourd’hui - contrairement à leurs prédécesseurs de la Deuxième guerre mondiale - n’acceptent pas de mourir pour défendre les valeurs ou l’avenir de l’Europe. Même si on leur demandait le sacrifice ultime, beaucoup de ces Européens post-modernes et trouillards se réfugieraient dans un obscur argumentaire d’objection de conscience. Il ne reste à l’islam qu’à occuper la place laissée vide.

www.pointdebasculecanada.ca

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