13/10/2015
Au Yemen des crimes de guerres Saoudiens dans l'indifference générale
Amnesty International a dénoncé dans un rapport de multiples violations du droit international par la coalition menée par l'Arabie Saoudite. Dans ce pays en proie depuis six mois à un conflit complexe, c'est un désastre humanitaire qui se joue à huis clos.
C'est la guerre oubliée. Celle qui échappe aux radars journalistiques, braqués vers la Syrie où s'étend l'ombre de l'État islamique. Pourtant, depuis six mois, les bombes pleuvent sur le Yémen. «Des bombes tombent du ciel jour et nuit»: c'est même le titre du rapport publié par Amnesty International le 7 octobre, qui dénonce des crimes de guerre commis par la coalition menée par l'Arabie saoudite.
Six mois de conflits
Ce pays de 27 millions d'habitants, le plus pauvre du monde arabe, n'a jamais été véritablement unifié, et Nord et Sud s'écharpent depuis plus de trente ans. Au Nord, la rébellion chiite des Houthis monte en puissance depuis 2004. Un conflit avant tout politique et économique qui s'habille d'un vernis confessionnel.
En mars 2015, à la demande du président du Yémen Abd Rabbu Mansour Hadi, l'Arabie saoudite déclenche l'opération «Tempête décisive» pour contrer les rebelles Houthis qui progressent dans le pays et se sont emparés en janvier du palais présidentiel à Sanaa, la capitale. L'Arabie saoudite accuse les Houtis d'être aidés en sous-main par l'Iran chiite. Ce conflit entre sunnites et chiites, entre Nord et Sud, est complexifié par la présence d'acteurs terroristes: fief d'al-Qaïda depuis toujours, le Yémen a vu naître sur son sol une branche de l'État islamique, qui a revendiqué un attentat faisant plus de 30 morts à Sanaa le 17 juin dernier. C'est bien le problème lorsqu'on parle du Yémen: il faut une longue introduction pour expliquer même sommairement un conflit dont la complexité ferait passer l'enfer syrien pour un jeu de quilles.
• 2000 civils tués, des armes interdites utilisées
En tout, le conflit a fait près de 5000 morts dont 2000 civils parmi lesquels 400 enfants. Il y a également 1.5 millions de déplacés à l'intérieur du pays. Ce sont les bombes de la coalition qui tuent le plus de civils. Dans son rapport, Amnesty dénonce «le mépris flagrant pour la vie des civils dont fait preuve la coalition militaire conduite par l'Arabie saoudite». La coalition «Restaurer l'espoir» en marche depuis avril 2015 est composée également du Bahrein, du Qatar, des Émirats arabes unis et reçoit l'appui des Etats-Unis. Amnesty, qui a analysé plus précisemment 13 frappes de la coalition ayant eu lieu entre mai et juillet 2015, met en évidence plusieurs violations du droit international: désignation de villes à large densité de population comme cibles militaires, attaques disproportionnées et indiscriminées, usage d'armes bannies par la communauté internationale.
«Les raids aériens sont fréquents, et utilisent des armes interdites par la communauté internationale» comme les bombes à sous-munitions qui permettent de couvrir d'explosifs l'équivalent d'un terrain de football. Certaines de ces armes auraient été fournies par les États-Unis, indique Amnesty.
Amnesty demande l'établissement d'une enquête internationale indépendante pour faire la lumière des violations par les parties du conflit. Car la résolution déposée par l'Arabie saoudite adoptée par l'ONU à Genève au début du mois d'octobre ne mentionne pas les exactions de la coalition. L'ONG demande également la suspension des transferts d'armes à la coalition. «Les États-Unis et les États qui exportent des armes à l'une des parties au conflit au Yémen sont tenus de veiller à ce que les transferts qu'ils autorisent ne facilitent pas de graves violations du droit international humanitaire.», a ainsi déclaré Donatella Rovera conseillère principale à Amnesty International pour les situations de crise, qui a conduit une mission d'établissement des faits au Yémen.
• Chaos humanitaire
«C'est la première fois en 10 ans de missions que je suis plongé dans un tel climat de violence. Même à Gaza, en Côté d'Ivoire, en Somalie ou en Centrafrique, je n'ai jamais vu pareille situation où le conflit ne s'arrête jamais. Les trêves ne sont jamais respectées plus de deux heures. Le quotidien est rythmé par les cris, les pleurs, le sang et les morts.» témoigne Thierry Goffeay, responsable MSF à Aden, sur France Inter.
Guillaume Binet est un des rares photographes à s'être rendu dans un pays hors des radars de l'actualité depuis des mois. Il raconte au Figaro un pays dévasté, en proie à une crise humanitaire sans précédents. «Dans les villes ravagées par les combats, la population est exangue et souffre de malnutrition. Le typhus et la rage sont réapparus. Il n'y a pas d'électricité, pas de téléphone. L'essence est vendue au marché noir, son prix a été multiplié par 400. Seules quelques voitures roulent encore.»
Selon Amnesty, la moitié de la population serait en «insécurité alimentaire», et près de 15 millions de personnes n'auraient pas accès aux soins. Dans le Nord, l'Arabie saoudite bloque les convois humanitaires.
• Le patrimoine de l'humanité en danger
Les destructions ne touchent pas seulement les civils, mais aussi le patrimoine mondial de l'humanité. Lemonde entier s'indigne de la destruction de Palmyre par Daech, mais depuis six mois au Yémen, un patrimoine tout aussi extraordinaire est mis en péril par le conflit. Les Houthis ont pilonné Aden, al-Qaïda détruit les tombeaux soufis. La ville de Sanaa, vieille de 3000 ans et inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco a été abimée.
Certains estiment que les destructions saoudiennes sont délibérées et systématiques et visent à éradiquer le patrimoine antéislamique. «Ce qui est troublant, explique-t-il, c'est que ce patrimoine est très visible et connu. Des destructions intentionnelles de la part des Saoudiens ne seraient pas surprenantes étant donné qu'ils détruisent leur propre patrimoine religieux» expliquait ainsi un archéologue anonyme sur Slate.
•Pourquoi tant d'indifférence?
Contrairement à la Syrie qui passionne les journalistes et fait régulièrement la une de l'actualité, le conflit au Yémen est quasiment inexistant dans les médias. «Le Yémen est très peu couvert par les médias. Personne ne connait le Yémen, très peu de journalistes y ont déjà été, contrairement à la Syrie.» explique Nina Walch, responsable d'Amnesty, qui s'agace que la seule indignation médiatique ait eu lieu pour les destructions de patrimoine.
«Le silence médiatique vient sans doute de la grande difficulté à expliquer un conflit extrêmement complexe, voire incompréhensible, mais aussi du danger qu'il y a pour les journalistes à se rendre sur place.», analyse pour sa part Guillaume Binet. «Il n'y a quasiment aucun journaliste. On ne sait pas ce qui se passe, hormis à travers les chaînes arabes (al-Jazeera) qui ont un biais anti-chiite. La seule association humanitaire encore active sur place est MSF. Le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) est parti après que deux de ses membres soient tués» explique Guillaume Binet.
Rapport Amnesty International Yémen
SOURCE www.figaro.fr
PS Pendant ce temps MANUEL et FRANCOIS signent des accords de prostitution franco sunnite à tour de bras
Mais pas question de vendre les MISTRAL à la Russie.....embargo sur les méchants!
15:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
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