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25/04/2006

Afghanistan?......Non.......Algérie!

Avec la libération de M. Abdul Rahman à la fin de mars 2006, cet Afghan musulman converti au christianisme, c’est l’obscurantisme et l’intolérance qui ont reculé devant la pression de la communauté internationale exercée sur le nouveau régime à la tête de l’Afghanistan, ce pays qui renaît de ses cendres et où toute personne qui tourne le dos à l’Islam est considérée mentalement attardée à défaut d’être exécutée.
Alors que les regards des démocraties occidentales étaient braqués, à raison d’ailleurs, sur le sort de cet homme, un autre régime politique d’un pays où l’Islam est la religion de l’État, l’Algérie, avait promulgué une loi réglementant l’exercice religieux pour... les non-musulmans ! Cette loi qui viole les droits humains interdit même aux musulmans toute conversion à d’autres croyances. Est également condamné à l’emprisonnement et à une amende de 5000 à 10 000 euros (7000 à 14 000 dollars CA), tout individu qui ose se convertir.

La loi en question suivait la libération massive, légitimée par un référendum sur la réconciliation nationale, d’intégristes religieux impliqués (avec la complicité et la participation de certains cercles du pouvoir militaire) dans une violence armée sans précédent qui avait fait des milliers de victimes civiles innocentes durant les années 90. Une violence ayant emporté des opposants politiques, des journalistes, des médecins, des artistes, des écrivains et un grand nombre de citoyens anonymes qui se battaient pacifiquement pour un monde meilleur avant d’être réduits au silence à jamais.

Pour l’opposition laïque algérienne, instaurer la paix en libérant des prisons des islamistes qui ont les mains tachées de sang sans avoir payé leur dette envers la société, c’est de l’instaurer dans l’impunité, dans l’injustice, et donc sur le dos des familles de leurs victimes.

Ces sanguinaires, dont le métier était de trancher des gorges et de couper des têtes au nom de Dieu sans distinction sur l’âge, ont donc été réintégrés dans la société en héros. Cette pseudo-réconciliation nationale, non dépourvue d’arrières pensées, semble plutôt être une stratégie politique dont le pouvoir a du mal à cacher les objectifs.

Une stratégie qui s’écarte des méthodes répressives habituelles utilisées contre la rue a été élaborée par les sérails du régime. Leur but est d’essayer à nouveau de mater la région de la Kabylie, traditionnellement hostile au pouvoir et à l’islamisme, en réinjectant des imams intégristes dans les mosquées, en paupérisant ses populations et espérant livrer ensuite ses jeunes aux fanatiques religieux qui se nourrissent de la misère sociale.

En effet, c’est dans cette région algérienne berbérophone, principal adversaire politique des régimes s’étant succédé à la tête du pays depuis son indépendance, qu’ont été constatées ces dernières années des vagues, importantes pour les uns et insignifiantes pour les autres, de conversions au christianisme, oeuvres des mouvements évangéliques du terroir. C’est dans le cadre de cette stratégie que les autorités algériennes ont fait appel aux services d’un imam égyptien haut placé et connu du monde arabo-musulman, El Kardaoui, qui est venu rappeler dans l’enceinte d’une université que les Kabyles n’ont pas le droit de se détourner de la religion musulmane et que la femme doit se voiler. Cet imam s’est même arrogé le droit de dénoncer la présence marquée de la langue de Voltaire dans l’affichage public de cette province algérienne la plus francophone du pays.

Cette partie de l’Algérie, qui a payé un lourd tribut pour l’indépendance nationale et la lutte pour la démocratie, a toujours été depuis des lustres un foyer de tolérance, d’ouverture sur l’autre et un endroit où l’identitaire et le culturel priment souvent sur le religieux qui reste un élément propre à la sphère du privé. Un grand pan de l’histoire contemporaine de ce pays est fait de confrontations entre les pouvoirs politiques successifs, façonnés dans le moule de la pensée unique, et la Kabylie.

Si toutes les principales démocraties occidentales, et même l’Église catholique, n’ont pas ménagé leurs efforts pour arracher Abdul Rahman à la mort, pourquoi se taisent-t-elles et laissent-elles faire lorsque les droits humains, la justice et la liberté d’expression sont bafoués dans d’autres pays musulmans comme l’Algérie, jadis terre de saint Augustin ? Cette terre où à notre époque on libère impunément des sanguinaires de leurs cellules pour les remplacer par des journalistes !

Rachid Bandou
Sainte-Rose de Laval
13 Apr, 2006

www.kabyle.com         

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