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15/08/2007

Le Liban méridional sous le joug des nazislamistes hezbollah

Un an après la guerre de trente-trois jours avec Israël, les villages détruits se reconstruisent lentement sous la férule de la milice chiite.

UN AN après la fin de la guerre entre Israël et le Hezbollah, la bourgade chiite d'Aït ash-Shaab est encore en pleine reconstruction. Pas une maison n'est sortie indemne des féroces combats de rue de l'été 2006. Cachés dans les caves, les guérilleros du Hezbollah ne sortaient que très rarement, et à chaque fois pour frapper. Soit pour détruire un char Merkava en incursion en le tirant à la roquette filoguidée, soit pour lancer à l'aveugle des fusées Katioucha contre les bourgades israéliennes du nord de la Galilée. Mal préparée à cette guerre asymétrique, Tsahal avait répliqué avec la brutalité d'un marteau-pilon essayant d'écraser une mouche, avec des bombardements aériens, des pilonnages au canon de 155 mm à longue portée, et des tirs directs des blindés contre toute habitation un tant soit peu suspecte.
De chez le professeur de collège Abou Hamid (son nom a été changé pour raisons de sécurité, NDLR), à la lisière d'Aït ash-Shaab, le relief descend, sur deux cents mètres de garrigue, vers un talweg où, derrière une haute barrière barbelée, court une route sinueuse : la frontière israélienne. C'est là que tout a commencé, le matin du 12 juillet 2006 : le Hezbollah enleva deux militaires israéliens, incident qui déclencha la guerre.
Les parpaings de la villa qu'Abou Hamid reconstruit aujourd'hui montent jusqu'au deuxième étage, mais le toit n'est pas encore entamé. Aide financière iranienne ? « Non. L'Iran a donné un petit pécule à toutes les familles lors de leur retour dans le sud, mais, ici, c'est le Qatar qui finance la reconstruction des habitations. On a droit à 40 000 dollars par foyer, en trois versements. J'ai déjà touché le premier, j'attends le second. Quant à l'éclairage public, ce sont les Italiens qui nous l'ont rétabli », explique ce professeur d'arabe de 53 ans, les mains blanches de ciment. Son salaire mensuel de 800 dollars versé par l'État libanais n'aurait jamais permis à Abou Hamid de se lancer aussi vite dans les travaux.
Le village où l'on ne voit pas encore la moindre femme, ni le moindre enfant, est couvert de banderoles à la gloire du Hezbollah, avec citations de son charismatique secrétaire général, Hassan Nasrallah : « L'époque des défaites est bel et bien révolue ! » Juste après le cessez-le-feu du 14 août 2006, imposé par la résolution 1701 de l'ONU puis, une fois n'est pas coutume, scrupuleusement respecté par Israël et le Hezbollah, Nasrallah avait parlé de « victoire divine ». Loin d'être démantelée, sa milice avait montré sa capacité d'arroser la Galilée de roquettes Katioucha jusqu'au dernier jour de la guerre.
« La paix, même avec les juifs ! »
Au coin d'une ruelle qu'encombre un énorme camion à benne rempli de sable, se dresse un immense poster représentant les visages juvéniles des huit « chahids » (martyrs), miliciens du Hezbollah morts au combat dans le village. Les neuf civils qui ont également été tués n'ont pas droit à cet honneur du portrait affiché en public.
Des jeunes hommes traversent le village à vive allure, chevauchant, en paires, des motos tout-terrain : les mêmes engins qu'on voyait, pendant la guerre, guider les camions lance-roquettes du Hezbollah vers leurs aires de lancement, puis vers les garages des villas où ils se cachaient, en attendant leur prochain ordre de frappe. Ces jeunes chiites croisent un convoi au ralenti de véhicules de patrouille de la Finul, toisant les Casques bleus, sans hostilité ni sympathie apparentes : juste de l'indifférence.
Aït ash-Shaab ne connaît pas le multilinguisme : toutes les inscriptions, panneaux officiels comme placards commerciaux, sont en arabe, à l'exception d'une affiche de l'Unicef, rédigée en anglais. Au village chrétien voisin, tout change : le français est omniprésent, dans les boutiques comme sur les bâtiments publics.
Lorsqu'on demande à Abou Hamid si le Hezbollah a eu raison d'attaquer Israël le 12 juillet, l'instituteur, visiblement plus proche du parti chiite laïc Amal que de son allié politique islamiste Hezbollah, articule une prudente réponse, en deux temps : « Depuis que je suis né, j'ai toujours vécu avec ce voisin israélien, qui ne cesse de nous créer des problèmes. Dans sa résistance, le Hezbollah a fait preuve de beaucoup de courage. Mais, en tant que Libanais, je ne me sens pas concerné par la libération de la Palestine : c'est un combat qui incombe aux Palestiniens, pas à nous. Les Libanais rêvent de vivre en paix avec tout le monde, même avec les juifs ! Je suis ravi que notre armée libanaise soit enfin déployée sur la frontière... » Soudain, Abou Hamid se tait, jetant un regard derrière lui, comme un signal. Arrive un homme d'une quarantaine d'années, à la barbe finement taillée, qui nous demande poliment s'il peut nous être utile. C'est le responsable administratif local du Hezbollah. Fin des épanchements politiques...
Sur la route qui conduit, vers l'ouest, en direction de la mer et du village frontière de Naqoura, on traverse la bourgade de Yarim. Elle est pleine de portraits de Rafic Hariri, l'ancien premier ministre libanais, leader sunnite assassiné en février 2005 pour s'être éloigné du régime de Damas. Au Liban, les portraits signent l'appartenance confessionnelle et politique des places de village qu'ils ornent. Yarim est donc un village sunnite. Il est pratiquement sorti indemne de la guerre, comme Ramesh, le village chrétien où Abou Hamid avait trouvé refuge à la mi-juillet. Preuve que les bombardements de Tsahal, tout maladroits qu'ils furent, n'ont pas été totalement indiscriminés. La punition collective infligée par Israël au Liban-Sud à l'été 2006 n'a grosso modo frappé que la communauté chiite.
SOURCE:www.figaro.fr

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