05/11/2007
Prêcheurs de haine en activité sous bonne protection
Sous le coup d'un arrêté ministériel d'expulsion pour des prêches radicaux ou des comportements susceptibles d'attenter à la sécurité nationale, ils bénéficient de la protection d'associations musulmanes influentes.
LE CHANTIER de la grande mosquée de Créteil devrait être terminé au premier trimestre de l'année prochaine. Déjà, le minaret s'élève dans le ciel. Et, en dehors des 700 000 euros qui manquent encore à l'appel, rien n'est à signaler du côté de la construction de l'édifice subventionné à hauteur d'1 million d'euros par la municipalité.
Un nuage noir, pourtant, se profile à l'horizon : le futur imam, Ilyes Hacene, est convoqué le 3 décembre prochain devant la commission d'expulsion (Comex) du Val-de-Marne. Si la justice juge son dossier assez lourd pour mériter un avis favorable à son départ forcé du territoire, son nom sera susceptible de venir compléter la liste de la quinzaine d'imams étrangers éloignés depuis 2001 en prévention du terrorisme islamique.
Des rapports de police, auxquels à eu accès Le Figaro, signalent bien qu'Ilyes Hacene, « connu pour son engagement au profit de l'idéologie salafiste », aurait prononcé depuis son arrivée en France en 1999 toute une série de prêches « soutenant les moudjahidins et fustigeant Israël et les États-Unis ».
Interrogé, le député maire PS de Créteil, Laurent Cathala, observe un silence gêné. Quand à Karim Benaïssa, président de l'Union des associations musulmanes de Créteil, il dénonce des accusations « totalement infondées ». « Mais on s'en sortira, assure-t-il, Inch Allah ». Si Dieu le veut donc, ou plutôt ses émissaires, présidents d'associations de fidèles ou imams influents, qui usent volontiers de leurs contacts pour tenter de peser sur la décision politique qui doit obligatoirement confirmer ou infirmer l'avis de la commission d'expulsion.
Or Ilyes Hacene est soutenu par la Mosquée de Paris et par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). Si la Mosquée de Paris précise que son geste « est exceptionnel » car il faut « laisser la justice suivre son cours », le président de l'UOIF, Lhaj Thami Brèze, n'hésite pas à justifier ces soutiens, surtout dans le cas d'Ilyes Hacene qu'il connaît « personnellement ».
Averti qu'un imam « défendable » est « injustement accusé » - comme ce fut le cas, selon lui, l'an dernier avec l'imam de Bobigny, Faouzi Magouri -, Lhaj Thami Brèze rassemble « documents et témoignages » pour l'innocenter et s'adresse « aux préfectures ou au ministère » de l'Intérieur. Il se réclame de contacts allant jusqu'à l'Élysée. Sous le couvert de l'anonymat, un spécialiste du dossier s'insurge : « L'UOIF a l'oreille des autorités, qui comptent sur elle pour contenir les radicaux. Ils ont fait le pari que ce mouvement - certes d'ultras proches des Frères musulmans, mais très rigide dans son fonctionnement - est suivi par les jeunes et en particulier les jeunes Français convertis. Or ce n'est pas vraiment le cas... »
Cas gérés « en opportunité »
Autre défenseur actif, qui affirme être parvenu à « sauver » une dizaine d'imams menacés d'expulsion en 2005, dont le Tunisien d'origine Zouhair Razgallah, le vice-président du Conseil des imams de France, Dhaou Meskine, s'insurge pour sa part contre les méthodes de la police. « S'opposer à la présence américaine en Irak ou aux agressions contre les Palestiniens, explique-t-il, ne fait pas de vous un adversaire systématique des États-Unis ou d'Israël... » « Ceux qui rédigent les rapports cherchent avant tout à se couvrir », s'insurge l'imam qui s'est lui-même retrouvé dans le tourbillon de la justice en 2006 - dans le cadre d'une enquête sur le financement du terrorisme - avant d'être blanchi.
Au ministère de l'Intérieur, sans nier les interventions, on glisse pudiquement que ces cas sont gérés « en opportunité ». Alors que dix-sept imams - une majorité d'Algériens, d'autres venant de Tunisie, du Maroc, de Turquie ou du Pakistan - sont aujourd'hui sous le coup d'un « arrêté ministériel d'expulsion », venant confirmer l'avis de la commission d'expulsion, on ajoute qu'il est souvent « préférable de les maintenir sur le territoire », quitte « à les assigner à résidence ». On ferait ainsi « moins de vagues » tout en se créant « quelques obligés ». Il est vrai que si Zouhair Razgallah, considéré par les services de renseignements comme une « grosse tête du salafisme en Ile-de-France », poursuit son activité comme conférencier, il reste aussi étroitement surveillé, comme d'ailleurs les autres imams « en sursis ».
SOURCE: www.figaro.fr
13:40 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islamisation, ump, mpf, P2V
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