18/06/2008
Sarkozy, une fausse paix, un vrai deshonneur
Premier chef d’état étranger à se rendre au Liban après «l’élection» du Général Sleimane, notre Président a pris dans ses bagages les éminents représentants de la classe politique, de droite, du centre et de la gauche. Sauf Olivier Besancenot, Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers, c’est toute la France officielle qui s’est précipitée à Beyrouth pour frapper du sceau de l’honorable le coup d’état du Hezbollah réalisé sous les ordres de l’Iran et de la Syrie. La France pouvait choisir entre le déshonneur et la guerre, elle a choisi le déshonneur et elle a eu la guerre disait Churchill en 1939. On devrait paraphraser ce dicton et dire : La France pouvait choisir entre la majorité anti-syrienne et le déshonneur, elle a choisi le déshonneur …
Car c’est quoi moins que le déshonneur, pour le pays qui a créé le Liban, quand on accepte la mainmise du Hezbollah sur ses destinées. C’est quoi moins que le déshonneur pour le pays qui a imposé la résolution 1701 (désarmement du Hezbollah) que d’accepter un président après que les trois conditions posées par l’Hezbollah (droit de véto au gouvernement, réseau de communications hors du contrôle de l’Etat Libanais, contrôle de l’aéroport de Beyrouth) eussent été «légalisées» par un accord obtenu par le Qatar ? C’est quoi moins que le déshonneur que de ratifier la mainmise de la Syrie sur le Liban après avoir été éconduit au bout d’un chemin à Damas effectué par deux «hauts» émissaires, vu que notre ministre des affaires étrangères n’a pas réussi à y aller ?
65 morts provoqués par le Hezbollah pour obtenir ce qu’il demandait en utilisant les armes de «la résistance contre Israël». Et notre Président qui disait «je ne serrerai pas a main des ennemis d’Israël» rencontre les dirigeants de 14 partis libanais, Hezbollah y compris. Et il reste de glace quand le nouveau président libanais, en réalité, nommé par l’Iran et la Syrie, après avoir clamé dans son discours d’investiture «Le Liban n’a qu’un seul ennemi, Israël ; le peuple libanais dans son ensemble soutient le conflit armé avec l’entité sioniste», lui demande l’aide pour «récupérer son territoire occupé et assurer le retour des «réfugiés» palestiniens dans «leur pays occupé». Le territoire occupé du Liban ? Les Fermes Shebaa que le président précédent avait accepté après de longues discussions avec l’ONU de considérer comme appartenant à la Syrie (tracé de la ligne bleu). Mais qui «justifie» la «résistance» du Hezbollah. Le pays «occupé» des réfugiés palestiniens ? Israël.
Pendant que l’échelon politique dépensait l’argent de la République à Beyrouth, notre ministre des Armées reprenait une partie du message présidentiel pour dire «il s'agit désormais d'œuvrer pour que le dialogue qui a été entamé entre toutes les parties débouche sur une normalisation durable de la situation politique au Liban et dans la région". "Dans ce contexte fragile, la mission de la Finul est difficile" appelant à "redoubler d'efforts pour aider l'armée libanaise à assurer, seule, le contrôle du Liban sud, à lui faciliter le plein exercice de la souveraineté libanaise dans cette région si sensible». La Finul qui ne contrôle rien car le territoire qui lui est affecté n’est rien d’autre que celui où le Hezbollah règne en maître et où il a reconstitué, et au-delà, sa puissance de frappe.
Pourquoi ? Comment la France est-elle descendue si bas ? Comment peut-elle croire qu’elle gardera encore quelque respect du côté de ceux qui ont été sacrifiés sur l’autel de ses propres ambitions ?
La première explication, le projet d’Union Méditerranéenne. Notre président veut qu’il constitue sa grande œuvre et pour cela il a besoin que le dictateur syrien y participe. Et avec lui tous les autres chefs d’état arabes plus ou moins démocrates (mais qui s’en soucie ?). Mais… comme lesdits chefs d’état ne veulent pas d’une participation israélienne, notre Sarkozy national est soucieux car il s’agit de lancer le projet à Paris le 13 juillet et inviter tout le monde à parader le 14…
La deuxième explication, détacher la Syrie de l’Iran en lui reconnaissant le droit d’ingérence au Liban et en lui promettant un accord d’association avec l’Europe. Accord que notre Président poussera pendant tout le temps que la France assurera la présidence de l’Europe. Le drame qui se joue cependant dépasse par ses implications la diplomatie aux petits pieds de nos diplomates.
L’Iran dont l’ambition première, par delà son objectif géopolitique de devenir la première puissance du Proche-Orient, est de détruire Israël, a appris la leçon de la dernière guerre mondiale : personne n’a levé son petit doigt pour sauver les juifs des nazis. Et l’Iran sait qu’avec suffisamment d’avantages matériels offerts au monde, l’histoire se répétera. En attendant, l’Iran a besoin de temps pour devenir puissance nucléaire. Temps qui lui a été octroyé par l’Europe (Jack Straw pour l’Angleterre, Jaques Chirac pour la France et Yoshka Fischer pour l’Allemagne). Sept années de discussions stériles pendant lesquelles l’Iran n’a rien concédé, n’a renoncé à rien et surtout pas à sa marche forcée vers la bombe. Nicolas Sarkozy, dès son élection, indique que l'Iran nucléaire est «inacceptable» et demande aux sociétés françaises de ne plus faire des affaires avec la République islamique.
Mais ces sociétés ont investi des dizaines de milliards de dollars en Iran. Total continue à espérer la réalisation d’un projet de plusieurs milliards de dollars pour développer les gisements de gaz naturel de l'Iran, deuxièmes plus grands du monde. Mme Merkel s’est engagée «à jeter un nouveau coup d'oeil» au commerce avec l'Iran. Mais pendant que Berlin a coupé quelques crédits à l'exportation, environ 1.700 compagnies allemandes maintiennent un commerce annuel de 5 milliards de dollars avec l'Iran. Gordon Brown pour la Grande-Bretagne indique que Téhéran ne devrait pas douter «du sérieux de notre but» en parlant de l’arrêt des efforts pour acquérir l’arme nucléaire. En attendant, Londres offre des crédits à l'exportation qui assurent plus de 1 milliard de dollars dans le commerce annuel de la Grande Bretagne avec l’Iran. Silvio Berlusconi, de retour au pouvoir, veut que l'Italie se joigne aux entretiens nucléaires avec Téhéran tout en protégeant son commerce annuel de 7 milliards de dollar qui fait de l’Italie le premier partenaire commercial européen de l’Iran. La Suisse signe un contrat gazier pluriannuel de 22 milliards de dollars. L’Autriche fait de même pour presqu’autant.
«La politique de l'Europe est schizophrène : juste assez de soutien aux sanctions imposées sous la pression des États-Unis, mais sans trop affecter les relations commerciales ou risquer la rupture avec l'Iran» explique Charles Powell, un ancien conseiller pour les affaires étrangères de Margaret Thatcher. «L’Europe fait semblant d’agir mais en réalité elle attend des changements politiques qui pourraient intervenir en Iran ou à Washington».
Et le toujours ineffable Javier Solana d’aller de nouveau à Téhéran pour proposer, à répétition, un paquet d’offres économiques identique à celui que l’Iran a rejeté il y a deux ans… A l’encontre du mot de Hemingway, l’Europe montre en permanence qu’elle confond le mouvement avec l’action.
Mais que se passe-t-il dans cette Europe dont la France prendra la présidence le 1er juillet ? Tout d’abord une décomposition induite par la politique d’apaisement et, finalement de collaboration avec les ennemis déclarés. Les faiblesses des démocraties occidentales aidant, leurs centres de résistance (nation, patrie, culture) sont détruits patiemment avec l’aide des dirigeants «réalistes» qui empêchent de se manifester l’instinct de conservation nationale. La France et l’Angleterre ont trahi la Tchécoslovaquie, on connaît la suite.
Les idées de liberté, coopération universelle et amour planétaire, qui sont devenues de vulgates dominantes en Europe ont toujours été exploitées par ceux qui n’ont de cesse que de les détruire. Et on ne veut pas appeler un chat un chat en s’attaquant à tous les profiteurs des situations confuses, les dirigeants des sociétés industrielles (propriétés des Etats ou privées) qui ne s’occupent pas de géopolitique mais uniquement de leurs profits immédiats ou à venir. Total, (ou les pétroliers ou gaziers italiens et autrichiens), les politiciens véreux (voir les diplomates français bénéficiaires de bons de pétrole offerts par Saddam Hussein pour services rendus, ou autres), les maîtres chanteurs déguisés en journalistes de la presse libre mais uniquement bienveillante pour ceux qui n’acceptent pas la liberté de la presse, les chaînes de télévision qui contribuent à inciter contre ceux qui ne sont pas pauvres ou humiliés ou détenteurs du progrès historique (voir Al Dura et Fr2), bref tous les profiteurs qui se soucient du pays comme d’une guigne quand il s’agit des honneurs et profits personnels. Et après eux… le déluge !
Comment comprendre autrement la descente aux enfers de la France ? Naturellement, des philosophes, politologues et autres laveurs de cerveaux, qui ont à peine plus de 18 ans mais les cheveux longs, la moustache bien taillée et un «mental» d’enfant handicapé, sans s’en rendre compte se sont transformés en «5ème colonne» de ceux qui veulent nous détruire et, finalement, les détruire. Pourtant, l’histoire n’arrête pas de nous apprendre qu’il n’y a pas en réalité de «gauche» ou de «droite» : il y a humanisme ou totalitarisme. La dernière fois que cela a été évident, cela a donné la deuxième guerre mondiale. Et quand on regarde les résultats de tout ce que les Administrations américaines, démocrates ou républicaines, ont fait avec l’Iran, on reste coi. Kennedy qui a poussé le Shah vers la démocratie avec comme résultat la création de l’opposition de l’Ayatollah Khomeini. Nixon qui, occupé par le Vietnam, pousse l’Iran à devenir une superpuissance régionale en l’armant jusqu’aux dents. Carter qui a poussé le Shah de nouveau vers la démocratie : la révolution islamique n’a pas attendu une autre occasion, elle a trouvé dans les arsenaux iraniens toutes les armes qu’elle pouvait souhaiter pour se lancer dans une guerre meurtrière contre l’Irak. Et l’Europe ? Sept années de négociations, qui ont servi à faire avancer ses projets nucléaires pour l’Iran, mais à rien pour l’Europe.
C’est à cet Iran-ci que notre président abandonne le Liban. Et à la Syrie qui vient de faire semblant de commencer des «négociations indirectes» de paix avec Israël. Hosanna, dit notre président à Beyrouth. Tandis que le ministre des armées syrien va à Téhéran pour expliquer que «l’Iran et la Syrie ne perdent rien, tandis que la Syrie peut gagner beaucoup de l’Europe et des Etats-Unis». Négociations de paix ? La stratégie de la Syrie est parfaitement claire : négocier, obtenir le Golan et attendre, même cent ans, pour finalement faire disparaître Israël. C’est à cette Syrie-là que notre président vient d’abandonner le Liban. Tout en se préparant pour aller à Jérusalem le 22 juin pour assurer ce pays de l’amitié indéfectible de la France. Tandis que le 17 juin un rapport sur les agissements des services secrets russes en France sera rendu public et montrera, entre autres, l’étendue de la coopération Russie – Iran – Syrie – Hezbollah ! Je vois les sourcils s’élever car la liaison avec le sujet traité n’est pas évidente.
Pourtant, si. Selon des soupçons se faisant jour, des informations sensibles concernant les systèmes de communication par fibres optiques ont été volées aux États-Unis et transférées au SVR russe qui les a mises à la disposition de l’Iran, dans le cadre de la coopération militaire avec Téhéran, ce dernier s’étant engagé à ne pas transmettre les informations à un tiers. Le réseau des communications du Hezbollah installé par des techniciens iraniens en a profité, c’est la raison pour laquelle il a constitué une des conditions dans le bras de fer gagné par le Hezbollah. La France s’inquiète car elle utilise les mêmes technologies… La Russie aussi car cela pourra compliquer à l’avenir ses relations et avec l’Iran et avec les Etats-Unis et… aussi avec la France. La récente visite de Monsieur Poutine en France, semble-t-il, n’a pas été étrangère au souhait russe de trouver une solution discrète à ce qui montre, une fois de plus, le parasitisme russe qui se nourrit de l’incompréhensible irresponsabilité de nos dirigeants. «Nous ne trahirons pas les générations futures en permettant à l'Iran de se doter d'armes nucléaires. L'Iran constitue un souci particulier, car il s’agit d’un proliférateur potentiel et d’un commanditaire actif de la terreur qui n’hésitera pas à mettre son potentiel d’armes de destruction massive à la disposition de groupes de terroristes». Mais cela n’est dit que par John Mc Cain tandis que l’Europe a choisi comme candidat pour les présidentielles américaines Barak Obama…
© Martin Birnbaum pour LibertyVox
21:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islam, islamisation, liban, mpf, ump, ps, laicité
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