25/11/2011
Egypte: civilisation musulmane
Caroline Sinz, reporter couvrant les récents événements en Egypte pour France 3, a été agressée et violée lors d’un tournage, jeudi en fin de matinée. Elle a expliqué à Télérama.fr comment elle et son caméraman avaient été violemment pris à partie pendant trois quarts d’heure par une foule d’hommes, près de la place Tahrir.
«On était dans les rues adjacentes de la place, à interviewer les gens. Des jeunes commençaient à se presser autour nous. Mon caméraman, qui parle arabe, m'a dit "Caro, ça commence à sentir mauvais, faut partir". On n'a pas eu le temps», se souvient la journaliste. Séparée de son caméraman, elle a été «jetée» sur la place Tahrir, entourée d’abord de jeunes, puis d’hommes plus vieux. «Ils étaient une cinquantaine, ils ont déchiré mes vêtements, ont arraché mon jean, mes sous-vêtements. M'ont violée avec leurs doigts. Pendant 45 minutes. La foule applaudissait autour.»
Caroline Sinz raconte qu’elle a cru mourir. Mais finalement, après trois quarts d’heure de calvaire, des hommes parviennent à l’extraire de la foule en folie. «J'ai été recueillie dans une ambulance. La foule tapait sur les parois pour me récupérer! Ils voulaient me lyncher.»
Pour expliquer l’acte de ses agresseurs, Caroline Sinz avance que «la population a eu la tête farcie par l'ancien régime et la presse égyptienne sur le fait que les journalistes occidentaux sont des agents sionistes, pro-américains. Et puis il y a le rapport aux femmes des hommes musulmans, qui n'est pas simple. Les hommes sont souvent frustrés sexuellement. La femme occidentale, surtout blonde, est perçue comme une femme facile.»
Après avoir choisi de rester en Egypte, pour ne pas «avoir l’air de céder», la journaliste a décidé de rentrer en France. «J’ai raconté ce qui m'était arrivé. Comme si c'était quelqu'un d'autre. Mais ce matin (vendredi, ndlr), je me suis effondrée. (…) L'idée de ressortir, de me retrouver en contact physique avec eux, de retomber peut-être sur les mêmes... C'est trop de stress. Et puis, je n'ai pas de femme ici à qui parler.» Mais si elle part, c’est pour mieux revenir, assure celle qui pense que ce qu’elle a vécu «ne changera pas (s)a manière de travailler».
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03/11/2011
La foi peut-elle passer par la haine?
L'incendie criminel dont a été victime Charlie Hebdo dans la nuit de mardi provoque de puissantes répliques en ligne. Depuis mercredi soir, la page Facebook du journal est envahie de messages, souvent rédigés en arabe, au rythme de plusieurs publications à la minute. «Honte à Charlie Hebdo, vous avez gagné un bon tirage mais vous récolterez les conséquences», prévient l'un d'entre eux. «Mais où est Charlie ? hahahahahahahahaha», s'interroge un autre intervenant, qui se réjouit visiblement de l'incendie du siège du journal.
Cette descente contre Charlie Hebdo sur Facebook, qui fait suite à la représentation de Mahomet à la une du journal, n'est pas totalement spontanée. Profitant de la puissance du réseau social, des internautes indignés transmettent l'adresse de la page de l'hebdomadaire à leurs contacts et recommandent de la noyer sous les messages. Ils expliquent aussi, captures d'écran à l'appui, comment en obtenir la suppression, en dénonçant à Facebook une «atteinte à un groupe religieux» dans les options anti-spam. La une de Charlie Hebdo, quand elle apparaît sur les pages appelant à des représailles, est soigneusement floutée.
Face à ce flot de signalements, Charlie Hebdo a écopé dans la soirée de mercredi d'un avertissement de la part du réseau social. «1° La page Facebook de Charlie est envahie de spams islamistes appelant à la haine. 2° Facebook prétend censurer Charlie. Cherchez l'erreur», s'est amusé le journal, dans un message commenté plus de 5000 fois. Les mises en garde de Facebook sont générées automatiquement. Il arrive régulièrement que le réseau social les annule par la suite manuellement.
Après une nuit d'assauts, la page Facebook de Charlie Hebdo ressemblait jeudi matin à un champ de bataille. Affirmant défendre la liberté d'expression et combattre les intégrismes, des internautes se sont rangés du côté de l'hebdomadaire, maniant parfois eux aussi l'insulte. Un intervenant a profité de l'occasion pour inciter à rejoindre la page de Marine Le Pen, «la seule à défendre la laïcité». Une fausse une alternative, «Shoa Hebdo», a été suggérée. «La page FB de Charlie, consternante, devrait être verrouillée sous peu», a annoncé l'hebdomadaire sur Twitter.
En parallèle de cette mobilisation sur Facebook, le site internet du journal a été piraté à plusieurs reprises. La page d'accueil a d'abord été remplacée («defaced») par une photo de la grande mosquée de La Mecque en plein pèlerinage, avec ces mots: «No god but Allah» («Pas d'autre Dieu qu'Allah»). Un autre message a dénoncé les caricatures «écœurantes et scandaleuses» du journal satirique. L'action a été revendiquée par le groupe Cyber-Warrior, des hackers turcs connus pour leurs actions contre des sites israéliens. «Nous serons votre malédiction dans le cyberespace», ont-ils écrit.
Croulant sous les attaques, le site de Charlie Hebdo a également été pris pour cible par des hackers se revendiquant des «SaQeR Syria». Comme les Cyber-Warrior, ces hackers syriens s'en étaient dernièrement pris aux Anonymous, la nébuleuse de pirates mobilisée contre les régimes totalitaires. Il a aussi l'habitude de participer à des actions en soutien au président Bachar el-Assad et contre les sites «sionistes». La vidéo de trois minutes, qui expose leur piratage de Charlie Hebdo, a été vue près de 10.000 fois.
Jeudi, l'hébergeur de Charlie Hebdo, une société belge, a refusé de remettre le site en ligne, en raison des menaces de mort qu'il a reçues. «Soit la police les rassure et on parvient à les convaincre de le remettre en ligne, soit on change d'hébergeur», a annoncé Valérie Manteau, journaliste et responsable du site à l'AFP. «La police est en train de récupérer des données sur ceux qui ont posté des menaces de mort» sur Facebook, a-t-elle ajouté par ailleurs.
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