19/03/2007
Battisti, un criminel protégé par Mitterrand et ses disciples
L'éditorial de Stéphane Marchand
Dans une démocratie, la capture d'un criminel est toujours une bonne nouvelle. Saluons donc l'arrestation, hier au Brésil, de Cesare Battisti, l'ancien membre, en fuite, des Prolétaires armés pour le communisme, condamné à la réclusion à perpétuité par un tribunal de Milan pour quatre assassinats commis en 1978-1979, à la fin des sanglantes « années de plomb ». Devenu auteur à succès sur les berges de la Seine, entouré de la sollicitude d'un certain milieu littéraire et politique, Battisti a vécu un exil paisible. Il n'a jamais eu un geste de regret, jamais un mot de compassion pour les victimes de son organisation, pas même pour le fils du bijoutier Torregiani, resté paraplégique après le meurtre de son père.
À Rome, hier, le gouvernement de Romano Prodi se félicitait de la « brillante opération », à laquelle a participé la police française. L'affaire avait longtemps empoisonné les relations entre Paris et Rome, après que François Mitterrand eut offert l'asile en 1985 à l'ancien terroriste, en échange d'une vague promesse de renonciation à la violence et en dépit des charges extrêmement graves qui pesaient sur lui. Il a fallu attendre 2004 pour voir Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin effacer l'insulte faite à l'Italie et signer enfin l'extradition de Battisti vers son pays natal. L'intéressé prenait aussitôt la fuite, assuré du soutien sonore d'une bonne partie de la gauche française, fascinée par cette résurgence inespérée des émotions guerrières de sa jeunesse.
Qu'on nous pardonne de ne pas y céder. S'offusquer que la promesse faite par Mitterrand n'ait pas été tenue permet à nos beaux esprits de masquer une réalité historique. Les violences des années 1970 en Italie n'étaient nullement une guerre juste contre un « état fasciste », comme on l'entend parfois encore à Saint-Germain-des-Prés. Les dirigeants démocrates-chrétiens qui tombaient sous les balles des activistes essayaient simplement de sauver l'Italie du naufrage. Alors, le Paris radical chic a le droit de vibrer de romantisme révolutionnaire, on lui concédera aussi que les crimes de Battisti ne dispensent en rien l'Italie d'appliquer à celui-ci une justice exemplaire, mais les diatribes du Tout-Paris de la plume et de la scène au nom du fugitif avaient l'allure d'une farce ? Fallait-il que Bernard-Henri Lévy, suivi de Guy Bedos et précédant Georges Moustaki, ose mettre sur le même plan les meurtres des PAC et les déboires judiciaires de Silvio Berlusconi ? Quel besoin Bertrand Delanoë avait-il de placer Battisti sous « la protection de la Ville de Paris », si tant est que la formule ait le moindre sens ? Au nom de quoi les Verts exigeaient-ils que lui soit octroyée la distinction de « citoyen d'honneur » ?
On pourra vérifier dans les prochains jours si les groupies du terroriste ont repris leurs esprits. Faisons le pari que, à un mois du premier tour de la présidentielle, Julien Dray, un proche de Ségolène Royal, hésitera cette fois à déclarer qu'« au nom du PS », il faut voler au secours de Battisti pour « défendre l'honneur de la République ».
À Rome, hier, le gouvernement de Romano Prodi se félicitait de la « brillante opération », à laquelle a participé la police française. L'affaire avait longtemps empoisonné les relations entre Paris et Rome, après que François Mitterrand eut offert l'asile en 1985 à l'ancien terroriste, en échange d'une vague promesse de renonciation à la violence et en dépit des charges extrêmement graves qui pesaient sur lui. Il a fallu attendre 2004 pour voir Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin effacer l'insulte faite à l'Italie et signer enfin l'extradition de Battisti vers son pays natal. L'intéressé prenait aussitôt la fuite, assuré du soutien sonore d'une bonne partie de la gauche française, fascinée par cette résurgence inespérée des émotions guerrières de sa jeunesse.
Qu'on nous pardonne de ne pas y céder. S'offusquer que la promesse faite par Mitterrand n'ait pas été tenue permet à nos beaux esprits de masquer une réalité historique. Les violences des années 1970 en Italie n'étaient nullement une guerre juste contre un « état fasciste », comme on l'entend parfois encore à Saint-Germain-des-Prés. Les dirigeants démocrates-chrétiens qui tombaient sous les balles des activistes essayaient simplement de sauver l'Italie du naufrage. Alors, le Paris radical chic a le droit de vibrer de romantisme révolutionnaire, on lui concédera aussi que les crimes de Battisti ne dispensent en rien l'Italie d'appliquer à celui-ci une justice exemplaire, mais les diatribes du Tout-Paris de la plume et de la scène au nom du fugitif avaient l'allure d'une farce ? Fallait-il que Bernard-Henri Lévy, suivi de Guy Bedos et précédant Georges Moustaki, ose mettre sur le même plan les meurtres des PAC et les déboires judiciaires de Silvio Berlusconi ? Quel besoin Bertrand Delanoë avait-il de placer Battisti sous « la protection de la Ville de Paris », si tant est que la formule ait le moindre sens ? Au nom de quoi les Verts exigeaient-ils que lui soit octroyée la distinction de « citoyen d'honneur » ?
On pourra vérifier dans les prochains jours si les groupies du terroriste ont repris leurs esprits. Faisons le pari que, à un mois du premier tour de la présidentielle, Julien Dray, un proche de Ségolène Royal, hésitera cette fois à déclarer qu'« au nom du PS », il faut voler au secours de Battisti pour « défendre l'honneur de la République ».
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