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21/06/2016

Point de Democratie sans Souveraineté

Je vais vous raconter une histoire1. Une histoire belge. Plus encore, l’histoire d’un symbole national belge, la mayonnaise qui accompagne les frites servies dans les baraques et les brasseries, et dont la recette traditionnelle fait la fierté de nos voisins. Récemment, un arrêté royal a autorisé à dénommer mayonnaise une préparation contenant 70 et non plus 80% d’huile, et 5 et non plus 7,5% de jaune d’œuf. La raison de cette modification est la demande adressée par l’industrie pour pouvoir rester compétitive face à la concurrence étrangère, qui propose des produits moins chers. Tollé chez les Belges qui dénoncent le dumping, la perte de qualité au nom du profit et protestent en invoquant la tradition, l’identité de leur cher pays qui serait menacée par les assauts de la modernité.

Cette histoire est une parabole chimiquement pure des conséquences d’une mondialisation dérégulée sur un corps politique : impression de dépossession et réaffirmation identitaire. Il y a fort à parier que nos amis belges seront considérés par certains faiseurs d’opinion comme de sympathiques ringards, ou, au pire, d’ignobles chauvins en pleine dérive populiste et identitaire. On leur répondra que c’est le marché qui décide, que si le consommateur préfère payer sa mayonnaise moins cher, c’est l’essence même du libéralisme, et qu’ils ne voudraient tout de même pas interdire la mayonnaise sans huile et sans œufs. Bolchéviques, va ! Et puis, si l’on n’y prend garde, avec ces histoires de mayonnaise, on va finir par parler protectionnisme, et autres lubies xénophobes. Le repli l’aura emporté sur l’ouverture, la haine sur la générosité et l’accueil. De quel droit est-ce qu’ils préfèrent leur mayonnaise, ces Belges ?

Alors nous y sommes. Parler de souveraineté a-t-il encore un sens dans un monde globalisé ? C’est la question qui nous rassemble et il n’y a pas de hasard à la poser en un 18 juin, 76 ans après un appel qui prenait justement acte de la dimension mondiale de la guerre pour en appeler à la légitimité face à la légalité qui s’était exprimée la veille à travers la demande d’armistice du Maréchal Pétain. Nous y reviendrons, mais l’homme du 18 juin est aussi celui qui déclarera le 27 mai 1942 : « La démocratie se confond exactement, pour moi, avec la souveraineté nationale. La démocratie, c’est le gouvernement du peuple exerçant la souveraineté sans entrave. »

Parler de souveraineté quand le territoire national est occupé, quand l’Etat et ses rouages ont choisi de collaborer avec l’ennemi, voilà qui est compréhensible. Mais aujourd’hui ? Est-ce que ça ne relèverait pas d’une vieille rengaine masquant des obsessions plus coupables ?

Le danger souverainiste selon Joffrin, Attali, FOG, BHL…

Il y a déjà plusieurs années que le qualificatif « souverainistes » est accolé à ces inclassables qui naviguent entre la droite et la gauche et à qui l’on a fait rendre gorge de la tonitruante victoire du 29 mai 2005. Souverainistes, c’est quand on ne dit pas « nationaux-républicains » ou autres joyeusetés. Mais souverainistes, ça ne dit pas grand-chose au plus grand nombre. Seulement le terme a ressurgi. Souvenez-vous, c’était à l’automne dernier. Libération décide de consacrer une une à Michel Onfray après son interview dans le Figaro. Et le philosophe est accusé d’avoir dérivé vers l’extrême droite, de s’abandonner à des idées nauséabondes, rances, et tout autre adjectif cher à nos anti-fascistes au nez sensible. Quelques jours plus tard, après diverses passes d’armes par médias interposés, Laurent Joffrin lâche l’argument ultime : Onfray est sur « la pente glissante du souverainisme ». Une pente qui amène à « défendre la nation au nom de la justice sociale », mais qui, nous dit le débusqueur de déviants, « finit toujours par préférer la nation à la justice sociale ». Qui prétend protéger son peuple pour mieux détester les autres. Qui rêve de frontières quand il faudrait tendre la main, ouvrir le cœur… Amen.

Le souverainisme, voilà l’ennemi. Dans un journal censément de gauche comme Libération, mais aussi dans un journal de droite libérale comme le Point. Il suffit de lire un seul éditorial de Franz-Olivier Giesbert (c’est déjà un effort) pour s’apercevoir qu’il est parti en croisade contre le souverainisme, ce nouveau fléau (parti est bien le terme : on l’a perdu depuis longtemps). Mais on pourrait citer également Bernard-Henri Lévy chez qui la lutte contre le souverainisme relève de l’exorcisme. Jacques Attali, très fier de sa dernière trouvaille, une réplique qu’il ressort dans chaque émission, face à chaque journaliste esbaudi : « Qu’est ce que c’est que cette histoire de racines. Nous ne sommes pas des radis. » Pas des chênes non plus, apparemment.

C’est donc tellement dangereux, le souverainisme, qu’il faille dégainer l’arsenal intellectuel, tout ce que le pays compte de brillants esprits ? Le souverainisme, c’est la guerre, la haine de l’Autre, le repli identitaire. Le souverainisme, ce sont les heures les plus sombres de notre histoire. Bon, le mot n’existait pas, mais on comprend. Le souverainisme occupe dans le vocabulaire politique contemporain la même place que le populisme. Il veut désigner une sorte de manipulation des masses par un discours démagogique et dont ses auteurs sauraient parfaitement combien son application serait soit impossible soit éminemment dangereuse pour l’avenir du pays.

Le libre-échange apporte la paix, bien entendu !

Parce que tel est bien le sujet qui les préoccupe. Bien plus que la dimension morale mise en avant pour rejouer la pantomime de l’antifascisme. Le souverainisme est condamnable parce qu’il s’oppose à la marche du monde, parce qu’il prétend refuser l’inéluctable, qui est aussi le seul destin souhaitable. Nous sommes bien d’accord, la morale n’a pas grand-chose à voir avec tout cela. On parle de choses sérieuses. On parle d’économie. Le souverainisme se promène en général dans les articles et les sermons audiovisuels accompagné de son corollaire tout aussi sulfureux : le protectionnisme. Et les deux sont dangereux, car ils apportent la guerre quand le libre-échange, le « doux commerce » cher à Montesquieu, apporte la paix et la concorde entre les peuples.

Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce qui nous est proposé comme modèle, l’extension du libre-échange à travers différentes structures supra-nationales pour accompagner la mondialisation des échanges et la globalisation des normes et des cultures, nous est présenté à la fois comme bon moralement et comme inéluctable. Bon parce qu’inéluctable ? On nous demande de nous en réjouir parce que, de toute façon, nous n’avons pas le choix et qu’il faudra bien vivre dans ce monde-là ? Nos élites politico-médiatiques sont leibniziennes : elles nous proposent le meilleur des mondes possibles et ne lésinent pas sur les moyens de nous en convaincre.

Mais deux problèmes se posent à tout esprit un minimum éveillé. Le premier : en quoi cette globalisation qui détermine actuellement l’organisation de nos économies et, par capillarité, l’ensemble de nos modes de vie, est-elle inéluctable ? La mondialisation, c’est-à-dire l’augmentation des échanges et de la circulation des individus, existe à différentes échelles depuis Alexandre le Grand. Elle est un fait. Un fait qui découle aujourd’hui du développement des moyens de transports et de la révolution technologique qui transforme les informations et les capitaux en flux. Et l’on peut ajouter que la troisième révolution industrielle, celle de l’informatique, lui donne une dimension qui n’a plus rien à voir avec ce qui a précédé. Très bien. Mais la globalisation, c’est-à-dire l’uniformisation des normes et du droit pour faciliter le flux et étendre une conception unique de l’organisation des sociétés humaines, est-elle de l’ordre de la nécessité ? Pour le dire autrement, était-il obligatoire d’accompagner la mondialisation d’un mouvement de dérégulation massif qui profite aux acteurs dominants que sont les multinationales majoritairement anglo-saxonnes ?

L’économie, comme la physique, serait une science dure !

Leibniziens, nos dirigeants : ce qui est ne pouvait pas ne pas être… Je vous invite à lire sur le blog de Coralie Delaume, l’Arène nue, la traduction d’un passionnant article publié dans le Guardian. Il est signé George Monbiot et il nous prouve que ce sont les médias anglo-saxons qui nous en remontrent en matière de liberté de ton et de profondeur d’analyse. On cherchera vainement un équivalent, sur une telle longueur, appuyé sur une démonstration historique précise, dans la presse française. Que nous dit cet article ? Que l’idéologie qui domine nos vies nous est à peu près inconnue parce qu’elle ne se présente pas comme une idéologie mais comme un fait de nature. « Les tentatives visant à limiter la concurrence, nous dit Monbiot, sont considérées comme des dangers pour la liberté. L’impôt et la réglementation sont considérés comme devant être réduits au minimum, les services publics comme devant être privatisés. L’organisation du travail et la négociation collective par les syndicats sont dépeints comme des distorsions du marché qui empêchent l’établissement d’une hiérarchie naturelle entre les gagnants et les perdants. L’inégalité est rhabillée en vertu : elle est vue comme une récompense de l’utilité et un générateur de richesses, lesquelles richesses ruisselleraient vers le bas pour enrichir tout le monde. Les efforts visant à créer une société plus égalitaire sont considérés comme étant à la fois contre-productifs et corrosifs moralement. Le marché est supposé garantir que chacun obtienne ce qu’il mérite. » Le néolibéralisme fut pourtant assumé comme tel, sous ce nom, par ses concepteurs, Ludwig von Mises et Friedrich Hayek en 1938. Mais depuis, il a disparu. Quand vous prononcez ce mot dans les médias, certains se gaussent. Vous traitent quasiment de complotiste, en tout cas d’aimable plaisantin qui, bien sûr, ne connaît rien à l’économie. Parce que l’économie est une science. Une science dure. Elle s’appuie sur des lois aussi évidentes et nécessaires que les lois de la physique. La concurrence et l’autorégulation des marchés, c’est la loi universelle de la gravitation.

Du coup, un doute nous saisit. Et c’est le second problème posé par cette idéologie dominante. Si la globalisation relève de la fatalité, il n’y a rien à choisir. Il n’y a pas de liberté possible face à la nécessité. Mais alors, sommes-nous encore en démocratie ? On nous demande de désirer ardemment ce qui nous est de toute façon présenté comme notre destin, sans échappatoire, parce que dans ce désir que nous développerions se trouverait l’illusion du choix, l’illusion de la liberté. En rhétorique journalistico-politique, cela donne des choses du genre : « Nous sommes les seuls à rêver encore qu’on peut – au choix – maintenir un tel niveau de charges, et donc de protection sociale, conserver des services publics non ouverts à la concurrence… », « Nos voisins, eux, se portent très bien… » On l’a bien compris, « il n’y a pas d’alternative ». Il est assez croustillant d’entendre cette antienne thatchérienne reprise aujourd’hui par un ministre de l’Economie « de gauche », poulain de Jacques Attali, ancien conseiller d’un président de la République de gauche, qui proposait de changer la vie et pour qui Margaret Thatcher incarnait un repoussoir absolu. Il est vrai que le même Emmanuel Macron fut rapporteur de la commission Attali à l’origine de la « loi pour la libération de la croissance » mise en place par Nicolas Sarkozy. Qui n’en appliqua que quelques recommandations car il jugeait l’ensemble trop libéral. En effet, il n’y a pas d’alternative. Politiquement, du moins.

Où est passé le politique ?

Mais s’il n’y a pas d’alternative, où est la liberté ? Où est le politique ? Qu’il faille tenir compte des contraintes du réel est une évidence et la liberté est limitée par le réel. Mais encore faut-il se mettre d’accord sur le réel, ses lois et les limites qu’elles imposent. Et l’on voit mal comment des gens qui adhèrent à un économisme dont l’objet est de se présenter comme le fruit de lois naturelles, peuvent encore se faire passer pour libéraux quand ils finissent par nier toute forme élémentaire de liberté.

La question sous-jacente est donc bien celle-là, celle de la démocratie. Celle qui ressurgit à chaque fois qu’un dirigeant (en général pour des raisons politiciennes, Cameron sur le Brexit, Jacques Chirac en 2005) prend le risque démesuré de demander directement son avis au peuple par un referendum. A vrai dire, c’est l’idée même de demander son avis au peuple qui paraît alors irresponsable. On nous ressortirait presque la rhétorique sur les « classes dangereuses ». Du moins a-t-on droit à la litanie habituelle : populisme, démagogie face à un peuple incapable de juger en connaissance de cause et qui, bien évidemment, se déterminera sur des critères qui n’ont rien à voir avec la question posée. Comment voulez-vous, ils n’y comprennent rien ces braves gens…

Démocratie, referendum, liberté des peuples de choisir leur destin… la notion qui sous-tend ce débat est bien celle qui est au cœur de la réflexion des irresponsables, des dangereux, vous savez, ces souverainistes honnis : la souveraineté. Etre souverainiste, c’est assumer le fait que ce concept de souveraineté est crucial pour quiconque prétend penser l’organisation du corps social et politique dans un cadre à peu près démocratique. Bref, pour qui entend répondre à l’économisme, nouvelle idéologie dominante, par un concept politique.

Curieusement, ce concept vieux de quatre siècle semble devenu totalement incompréhensible pour les dirigeants de nos vieux Etats-nations et pour les commentateurs chargés d’analyser leurs décisions. Alors rappelons la définition classique, celle de Louis Le Fur : « La souveraineté est la qualité de l’Etat de n’être obligé ou déterminé que par sa propre volonté dans les limites des principes supérieurs du droit et conformément au but collectif qu’il est appelé à réaliser. » La souveraineté est d’ailleurs définie au XVIème siècle par Jean Bodin pour caractériser cette puissance d’un Etat qui ne peut se résumer aux vieux concepts romains de potestas et auctoritas. Mais c’est à la révolution qu’il prend tout son sens pour nous, Français. Parce qu’à la souveraineté nationale, cette indépendance qui permet à une nation de se déterminer sans dépendre d’une autre puissance, s’ajoute la souveraineté populaire. Ce n’est plus le roi qui incarne la Nation et détermine son destin, c’est le peuple qui est son propre souverain. Oxymore extraordinaire que le peuple souverain ! Il n’est plus mineur. Il n’y a plus de sujets, donc de soumis, mais des citoyens. Des citoyens qui constituent un corps politique et déterminent par la délibération le bien commun, qui ne se réduit pas à la somme de leurs intérêts particuliers. Des citoyens qui se choisissent en conscience un destin commun.

Cela s’appelle la République, et c’est la forme que prend chez nous la démocratie. Car il est bien question de démocratie. Et de Gaulle prend soin de le préciser dans la Constitution de 1958 : « Article 2 : La devise de la République est “Liberté, Égalité, Fraternité”. Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Article 3 : La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. » Globalisation ou pas, révolution technologique ou pas, il n’est pas de démocratie sans l’exercice par le peuple de la souveraineté nationale.

Pourquoi vouloir distinguer souveraineté nationale et souveraineté populaire ?

Et l’on en connaît qui prennent des pincettes, qui tournent autour du pot, qui construisent des raisonnements byzantins pour distinguer souveraineté nationale et souveraineté populaire, la seconde leur semblant plus respectable, plus « gauche bon teint ». Parce que dans souveraineté nationale, il y a nation, et de la nation, on glisse facilement vers le nationalisme, surtout en une époque où les journalistes sont devenus commentateurs de patinage artistique et s’emploient essentiellement à juger des glissades et autres dérapages des uns et des autres. Mais brisons là. Quel peuple peut se dire souverain dans une nation entravée, sous domination ? Quel peuple décide de son destin quand le champ de sa souveraineté est borné à quelques domaines réservés ? Se cacher derrière son petit doigt dans l’espoir de n’être pas chassé du camp du Bien a quelque chose de pathétique.

Et puis il y a ceux qui font semblant de ne pas comprendre. « Souveraineté ? Comme ce terme est vague. Mais qu’est-ce que vous entendez par là ? Ne sommes-nous pas libres dans un système démocratique garanti par la Constitution ? Pourquoi s’accrocher à un mot ? » Pour les vrais atrophiés du cervelet et les faux idiots, il est une façon simple de résumer les choses. C’est d’ailleurs celle qu’emploie Michel Onfray depuis qu’il a décidé d’assumer son souverainisme. Il l’explique dans son dernier livre, le Miroir aux alouettes. Il suffit de demander à nos aimables contradicteur quel est le contraire de souverain. Les antonymes de souverain sont : subordonné, esclave, domestique, sujet, soumis, vassal. Au moins, les choses sont claires. Je vous renvoie d’ailleurs également – et surtout – au livre de Jacques Sapir, Souveraineté, démocratie, laïcité.

On nous répondra bien sûr que tout cela relève du fantasme, que nous sommes en démocratie, dans un pays indépendant dont les gouvernements élus mènent les politiques. Il n’y a pas de sujet. Tout au plus avons-nous concédé quelques délégations de souveraineté à une entité supranationale, mais elle aussi démocratique puisque nous en élisons le parlement, et uniquement dans des domaines aussi restreints que la monnaie et le budget. Une paille.

Maastricht ou l’enterrement de 1789

Il n’est besoin que de réécouter le magistral discours de Philippe Séguin devant l’assemblée nationale le 5 mai 1992 pour comprendre ce qui s’est joué lors du Traité de Maastricht, et qui est à l’origine d’une partie des crises qui minent le pays. Philippe Séguin soulignait que le fondement de notre Etat de droit, depuis deux siècle, est dans cette idée que la souveraineté nationale appartient au peuple, de sorte que ses représentants, l’Assemblée nationale en l’occurrence, n’ont aucune compétence à se dessaisir de leur pouvoir législatif et à valider par avance des textes qui n’auront même pas à être ratifiés par eux. « Aucune assemblée ne peut déléguer un pouvoir qu’elle n’exerce qu’au nom du peuple. » Ce que le peuple a fait, seul le peuple peut le défaire. En ce sens, nous dit-il, 1992 est l’enterrement de 1789.

Caricature ? Dramatisation loufoque ? On nous répond d’abord que cette délégation de pouvoir est limitée. Elle ne concerne que certains domaines. L’Etat conserve ses missions régaliennes. La souveraineté monétaire, ce n’est rien, ça ne détermine pas l’identité collective. Philippe Séguin répondait par avance : la souveraineté est une notion globale et indivisible, comme un nombre premier. La découper, c’est la vider de sa signification. Le dernier à l’avoir fait était Brejnev en 1968 avec son concept de « souveraineté limitée » appliqué aux démocraties populaire. Ce qui signifiait ni souveraineté ni démocratie…

On nous répond également que ces délégations de souveraineté sont temporaires. Tiens donc. Pourtant, quand il s’est agit de suggérer que la Grèce devrait quitter, même temporairement, la zone euro, la réponse a été unanime : c’est impossible. Ça n’est pas prévu par les traités. Vous savez, le fameux « il n’y a pas de plan B ». Les plus batailleurs brandissent le fameux article 50 du traité de Lisbonne, qui prévoit une éventuelle sortie au bout de deux ans de négociations et d’une décision à l’unanimité des membres. Une usine à gaz propre à décourager les plus téméraires. Non, une fois qu’on est entré, on ne sort plus. D’où l’indignation de ces braves gens quand les Britanniques se permettent de voter sur le Brexit. Mais de quel droit s’autorisent-ils ce que nous nous sommes interdit ?

La base de la démocratie, c’est que le peuple peut changer d’avis

Quel que soit le résultat du referendum, jeudi prochain, c’est ce vote en lui-même qui constitue la plus majeure des transgressions. Parce qu’il nous rappelle ce qu’est un contrat : une délégation temporaire de souveraineté en échange d’avantages ou de protection. Temporaire, tel est bien l’enjeu. La base de la démocratie, c’est que le peuple peut changer d’avis. Nulle génération ne peut enchaîner les suivantes, leur interdire d’exercer leur propre souveraineté. Ce qui a été fait, donc, doit pouvoir se défaire. Sans quoi il n’est pas de démocratie. La désormais fameuse sentence de Jean-Claude Junker – dont la plus grande vertu est d’exprimer sans complexe ce que d’autres préfèrent recouvrir d’un voile pudique – ce « il n’est pas de choix démocratique en dehors des traités européens » résume l’idée que ces gens se font de la démocratie.

D’autant que ce transfert sans retour des compétences de l’Etat ressemble fort à un cercle vicieux. On se souvient de la merveilleuse rhétorique soviétique : le goulag, le cauchemar, les pénuries, c’est parce que le processus n’est pas arrivé à son terme et que le paradis communiste n’est pas encore totalement bâti. La technocratie ? Elle n’est qu’un mal provisoire pour préparer cet avènement. Le principe vaut pour toutes les idéologies et la construction de l’Europe néo-libérale en est une dans toute la pureté de sa définition et de ses conséquences. Elle a ses zélotes et ses prophètes. Ses grands inquisiteurs, aussi.

Réécoutons un instant le discours de Philippe Séguin : « Quand, du fait de la monnaie unique, le coût de la dénonciation des traités sera devenu exorbitant, le piège sera refermé. Craignons alors que les sentiments nationaux, à force d’être étouffés, ne s’exacerbent jusqu’à se muer en nationalisme. Car rien n’est plus dangereux qu’une nation trop longtemps frustrée de la souveraineté par laquelle s’exprime sa liberté, c’est-à-dire son droit imprescriptible à choisir son destin. » Il y aura fallu moins de vingt-cinq ans. Mais nous y sommes. Et le seul argument qui reste aux grands prêtres de l’Union européenne est de renverser l’ordre des causes et des conséquences. Le mal, c’est ce nationalisme préexistant, et que l’on n’a pas assez écrasé. Donc, il faut protéger l’Europe contre ses propres démons. Ils plaideront les meilleures intentions du monde : éviter à des peuples abrutis bernés par des démagogues sans vergogne de sombrer dans une récession tragique et, qui sait, dans des guerres sanglantes.

On ne renonce pas impunément à la souveraineté

C’est oublier que la récession, nous y sommes. Et que les maux dont nous souffrons, chômage de masse, déficit de la balance commerciale, désindustrialisation massive, étaient prédits par tous ceux qui avaient correctement analysé ce que signifie le processus d’intégration dans une monnaie unique d’un espace économique hétérogène. Et les souffrances engendrées par ce naufrage économique font naître des tensions dont nous voyons en ce moment la traduction. Parce qu’on ne renonce pas impunément à la souveraineté.

Comment imaginer qu’un corps politique qui a renoncé à ce qui fait sa raison d’être puisse ne pas imploser ? C’est à cette fragmentation que nous assistons. Fragmentation du corps politique, de la communauté nationale, largement encouragée par ceux qui ont intérêt à définitivement achever ces Etats-nations empêcheurs de commercer en rond. Au profit d’une autre souveraineté ? On connaît le mythe d’une citoyenneté européenne qui devrait se substituer par miracle aux citoyennetés nationales. C’est faire peu de cas de l’Histoire. C’est ne pas comprendre que la constitution d’une Nation à travers l’émergence d’un peuple sur un territoire déterminé est un processus lent et complexe et surtout impossible à reproduire artificiellement en l’espace de quelques années.

Reste le processus inverse. Pour se débarrasser des vieux Etats-nations et de leur encombrante démocratie, saper ce qui en est le corps vivant, le peuple comme entité politique. Ce peuple qui naît en France de l’intégration de populations diverses à une histoire et une géographie, à un ensemble de valeurs et de modes de vie, sans lesquels il n’est que des individus juxtaposés dans une entité administrative neutre régie par le droit et le marché. L’accomplissement du rêve thatchérien : « Je ne connais pas la société, je ne connais que des individus. » Tout ce qui fracture la communauté nationale, tout ce qui efface la culture commune de citoyens dont les identités diverses étaient jusqu’à présent transcendées par l’appartenance commune à la Nation, sert les intérêts d’un système dont le but est fondamentalement anti-démocratique.

Jusqu’à preuve du contraire, il n’est pour l’instant de véritable exercice de la démocratie que dans le cadre des Etats-nations. Nous avons donc remplacé la souveraineté nationale par… rien. Par un vide que vient remplir une inflation technocratique chargée de masquer la réalité de ce système, son objet principal : favoriser les intérêts d’entités privées et déterritorialisées, de Google à Monsanto en passant par Amazon, Apple, Philipp Moris… ces multinationales qui ont quelques 15 000 lobbyistes à demeure à Bruxelles et qui s’appliquent pour l’heure à dicter à la Commission des traités de libre-échange permettant de lisser l’espace économique et d’imposer pour les décennies futures les normes et le droit américain.

Les efforts de quelques vigies ont déjà permis de faire prendre conscience de l’absence totale de transparence qui entoure les négociations et qui constitue en elle-même un total déni de démocratie. Mais le principe d’irréversibilité que nous évoquions tout à l’heure y est également à l’œuvre avec une détermination admirable, à travers ce qu’on appelle les effets de cliquet. Tout ce qui aura été négocié ne pourra plus être révisé, même par un gouvernement nouvellement élu. « Il n’est pas de choix démocratique en dehors des traités européens »

L’économisme, ce totalitarisme

L’économisme, cette idéologie de réduction des différents champs de l’action humaine à leur dimension économique, n’est donc rien d’autre qu’un totalitarisme d’autant plus efficace qu’il repose sur le consentement des individus. Qui serait contre la prospérité ? Qui serait contre la liberté ? Même quand la liberté dont il est question n’est qu’une privation des libertés politiques fondamentales qui font le citoyen au profit de la liberté minimale du consommateur, celle de choisir entre deux produits en fonction de ses pulsions immédiates et de son intérêt à court terme.

Et c’est sans doute le dernier élément qui permet de comprendre l’articulation entre souveraineté et démocratie : il n’est pas de souveraineté du peuple sans souveraineté des individus, c’est-à-dire sans la capacité à exercer leur libre arbitre et à forger leur jugement sans dépendre d’autrui. Pour le dire autrement, il n’est pas de démocratie sans éducation du peuple. Rien de plus efficace, donc, pour délégitimer le peuple que de détruire le principal outil de son émancipation : l’instruction publique.

Il n’y a aucun hasard à voir les différentes réformes de l’éducation nationale remplacer la transmission des savoirs universels dont Condorcet faisait la condition de la formation d’hommes libres par une évaluation des compétences, terme importé de la formation professionnelle et inspiré des recommandations de l’OCDE et de la Commission européenne en matière d’éducation. L’éducation, domaine supposé régalien, dans lequel, nous explique-t-on, la France n’a pas opéré de transfert de compétences (sous entendu : elle est responsable de ses échecs). L’éducation qui est en fait l’un des principaux champs d’expérimentation pour cette extension du domaine de l’efficience économique. Il n’est besoin que de rappeler le Livre Blanc de la Table ronde des Entreprises Européennes en 1995 : « L’éducation doit être considérée comme un service rendu aux entreprises. »

Les compétences, c’est ce qui permettra de former des employés adaptables (d’augmenter, pour utiliser le jargon en vigueur, leur « taux d’employabilité »). Les mêmes sur quelque lieu de la planète que ce soit, puisqu’il n’est plus question de peuple ou de nation, ces réalités du monde ancien. Des employés qui, pour se délasser, pourront offrir à Coca Cola un peu de leur temps de cerveau disponible, sur lequel les chaînes de télévision font leur beurre.

L’articulation entre souveraineté nationale, souveraineté populaire et souveraineté des individus est donc indispensable pour former un authentique système démocratique. Et, à moins d’estimer que la mondialisation des échanges implique la disparition nécessaire de la démocratie, on conviendra que rien ne justifie son abandon au profit d’une technocratie déterritorialisée. Bien au contraire, il n’est de mondialisation véritablement bénéfique qu’organisée et régulée. Que ce soit sur le plan des barrières douanières (les Etats-Unis ne se sentent nullement gênés de prévoir des droits de douane de 522% sur l’acier chinois, quand l’Union européenne les fixe à 20%), ou que ce soit sur le plan du droit, à travers les réglementations visant notamment les produits agricoles protégés par une appellation d’origine. Si la mondialisation est un fait, la globalisation est une idéologie. Et comme toute idéologie, elle nécessite d’être explicitée, de voir analyser ses ressorts et ses présupposés.

« Quand on est couillonné, on dit : “Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp !” »

Mais pour résumer ce que doit être l’exercice par une nation de sa souveraineté, c’est encore le Général de Gaulle qui en a le mieux explicité les contours face à Alain Peyrefitte : « C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : “Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp !” » Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça. »

Nous sommes, au Comité Orwell, une association de journalistes. Parce que nous estimons qu’appartient à notre profession le soin d’expliciter les ressorts de toutes les idéologies, de mettre au jour les processus qui sont à l’œuvre derrière l’apparence des événements. Il appartient à notre profession, non pas seulement de commenter les manifestations contre la loi travail, les violences qui en découlent ou l’impuissance des gouvernants, mais de mettre en avant l’ensemble des phénomènes qui concourent à délégitimer un Etat qui, parce qu’il a depuis longtemps renoncé à sa souveraineté, n’est plus qu’une institution fantôme incapable de contrer les forces centrifuges qui déstructurent la société. Il appartient à notre profession de ressortir les différents textes de la Commission européenne ou d’autres instances supranationales réclamant une harmonisation du droit du travail pour œuvrer à la convergence des économies (ce que, une fois encore, prévoyait Philippe Séguin dans son discours de mai 1992). Il appartient à notre profession de ne pas seulement disserter sur la question de savoir si les opposants à la réforme du collège sont d’affreux réactionnaires, mais de décrire avec précision tous les ressorts de la transformation de l’Education nationale en auxiliaire de l’idéologie utilitariste, à rebours de tout le projet de l’école républicaine. Il appartient à notre profession de ne pas être tributaire du flux des informations et de la superficialité qu’il facilite, mais de décrire les rouages, d’éclairer les infrastructures et non pas seulement les superstructures, pour parler en termes marxistes. Comme l’a dit très judicieusement Lincoln, « on peut mentir tout le temps à une partie du peuple, on peut mentir à tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas mentir tout le temps à tout le peuple. » A moins de changer le peuple de temps en temps.

Alors il nous appartient d’offrir un peu de résistance. Profitons-en, nous sommes aujourd’hui le 18 juin. Et ce mois de juin 2016 a des airs de débâcle, comme un certain mois de juin 1940. La souveraineté, la démocratie, l’émancipation des peuples : quel plus beau programme ?

SOURCE http://www.causeur.fr/natacha-polony-comite-orwell-souver...

Islamisme...un tabou!

L’honnêteté intellectuelle m’oblige à informer les lecteurs de Causeur d’une avancée sensationnelle de la pensée scientifique parue dans Libération du 16 juin. Il s’agit d’une tribune d’Éric Fassin, un de nos sociologues médiatiques les plus sociologiquement corrects. Sa  tribune est si correcte, et même si corrective, qu’elle propose rien moins qu’une révolution copernicienne dans la science.

Jusqu’à ce 16 juin 2016, la science, fut-elle sociale, s’efforçait de construire et de saisir ses objets au moyen de concepts et de définitions saisissant leur essence. L’une des branches des sciences sociales est la polémologie : Étude scientifique de la guerre considérée comme phénomène psychologique et social.

Cette science s’obligeait à identifier l’ennemi, à en construire le concept, à en connaître l’essence, tout cela afin de le désigner adéquatement et de le combattre sans manquer la cible. Avant la tribune d’Éric Fassin, nous avions l’impression que l’islamisme  terroriste nous avait constitués en ennemis et que nous pouvions lui imputer ses crimes. Cette vision archaïque de la scientificité a vécu.

Désormais, nous explique Eric Fassin en s’appuyant sur une déclaration d’Obama, on doit désigner un criminel par ses victimes. C’est ainsi que les Daechiens qui assassinent des homosexuels au nom de leur lecture du Coran ne doivent être désignés que comme des homophobes, et pas comme des islamistes.  Quand les mêmes assassinent des Juifs  au nom de leur lecture du Coran, il faut les appeler des antisémites, et pas des islamistes.  Quand, eux encore, mettent des femmes en esclavage sexuel au nom de leur lecture du Coran, il faut les qualifier de misogynes, et certainement pas d’islamistes. La chose devient un peu plus délicate quand les mêmes assassinent indistinctement des gens assis à une terrasse, assistant à un concert ou à un match, prenant un moyen de transport public ou présents dans une grande surface. On peut heureusement compter sur l’inventivité des penseurs du grand évitement. Il faut à ce propos féliciter Obama qui n’a dénoncé dans la tuerie d’Orlando qu’une conséquence du nombre des armes en circulation.

Voici le titre de sa tribune consacrée à la tuerie d’Orlando : « Orlando : parlons d’abord de terrorisme sexuel ».

Et en voici le résumé.

« Renvoyer la tuerie du Pulse vers l’islam et l’islamisme, c’est tomber dans le piège tendu par les partisans du «choc des civilisations». C’est aussi céder à une instrumentalisation xénophobe et raciste de la «démocratie sexuelle».

Sa démonstration est si lourdement alambiquée que j’invite les lecteurs de Causeur à aller la lire dans son intégralité dans Libé. Ils trouveront également dans ce même journal un interview de psychanalystes  consacré à la tuerie d’Orlando, dans lequel il n’est question que de l’homophobie en général, sans un mot sur l’homophobie meurtrière et barbare des islamistes.

L’impératif épistémologique absolu des sciences sociales correctes est donc de ne jamais proférer le mot islamisme. Le mot est décrété scientifiquement tabou. On pourra le vérifier lors des prochaines tragédies.

Leur devise :  ne pas appeler les choses par leur nom ; ne pas identifier l’ennemi ; ne pas le combattre.

On dira ce qu’on veut, mais pour une révolution, c’est une sacrée révolution.

ANDRE SENIK sur http://www.causeur.fr/orlando-eric-fassin-islam-homophobie-38793.html

31/05/2016

Les bêtes de l'Etat Islamique craignent Rojida Felat

La commandante kurde Rojda Felat conduit un contingent de 15.000 soldats ayant participé à l'attaque contre l'organisation terroriste Etat islamique (EI, Daech) près de Raqqa en Syrie.​Ces soldats représentent l'alliance kurde-syrienne, qui a pour nom Forces démocratiques de la Syrie (SDF), composées des Unités de protection du peuple kurde (YPG) ainsi que des groupes d'insurgés arabes et assyriens, d'après la chaîne de télévision norvégienne NRK.

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Rojda Felat promet de chasser Daech des zones situées au nord de Raqqa et de conserver les villes desquelles les terroristes sont déjà expulsés.

"Nos attaques continuent dans la direction de Tabqa. Nous chasserons les gangs de Daesh dans quatre directions différentes", a-t-elle déclaré.

​L'offensive qui a commencé la semaine dernière avait pour but de prendre tout d'abord le territoire au nord de la ville de Raqqa.

Ceux qui connaissent la situation qui règne au sein de l'EI soulignent que les membres de cette organisation sont effrayés de la commandante kurde, dans une large mesure, parce qu'elle a la réputation d'un bon stratège, mais surtout parce qu'elle est une femme.

Les djihadistes croient que le fait de tomber au combat les fera entrer au paradis, mais à condition de ne pas être morts de la main d'une femme. Le cas échéant, ils ne peuvent pas être considérés comme des martyrs, ce qui les prive d'un accès au paradis.

(Plus Con tu meurs! NDR)

La Kurde Rojda Felat lutte contre l'Etat islamique depuis les trois dernières années. Agée de 30 ans, selon le journal britannique The Independent, elle se présente comme une féministe désireuse d'aider les femmes syriennes et kurdes à se libérer des traditions qui les humilient.

Comme commandante militaire, on la dit très inspirée par les exemples de Bismarck, de Napoléon, et de Salah al-Din. Elle a précisé que son objectif principal était de chasser Daech de toute la Syrie et de mettre fin au terrorisme et à la tyrannie.

Auparavant, les Forces démocratiques de la Syrie (SDF) de l'opposition armée, composées principalement de détachements kurdes et arabes, avaient annoncé une opération visant à libérer Raqqa, fief des djihadistes de Daech.

SOURCE www.sputniknews.fr

30/05/2016

Mariages mixtes: des fantasmes aux chiffres

La France s’est construit une réputation de championne des mariages mixtes à partir de très peu de données et beaucoup de commentaires peu informés.

Les résultats d’enquêtes sont pourtant clairs : chez les enfants d’immigrés, l’endogamie religieuse est massive.

Les données fournies par l’état-civil sur la nationalité des conjoints ne permettent pas de mesurer la mixité culturelle ou religieuse des mariages, puisque ceux qui sont célébrés entre Français et étrangers comprennent des mariages entre personnes de même origine ou de même confession. L’état-civil ne dit rien non plus des nombreux mariages célébrés à l’étranger. En 2006, 60 % des Français dont le conjoint étranger était admis à résider en France étaient eux-mêmes d’origine étrangère. Ces entrées correspondaient soit à des mariages célébrés en France (46 % des mariages entre Français et étrangers enregistrés à l’état-civil), soit à des mariages célébrés à l’étranger (56 % des mariages retranscrits à l’état-civil)1.

Pour mesurer la mixité ethnique et religieuse, les enquêtes qui collectent les informations auprès des intéressés sur eux-mêmes et leurs conjoints sont donc davantage appropriées que celles tirées de l’état-civil. En 1992, l’enquête « Mobilité géographique et insertion sociale » (MGIS), que j’ai conduite pour l’INED avec le concours de l’INSEE, portait sur les immigrés et les enfants d’immigrés de quelque origine, sans mention de l’affiliation religieuse, en raison de négociations difficiles avec la CNIL. Parmi les personnes originaires de pays musulmans nées en France, seuls les 20-29 ans d’origine algérienne avaient été interrogés. Très peu de mariages avaient encore été conclus, compte tenu de leur âge, et les principaux résultats diffusés portaient donc sur les unions, y compris les unions libres : 26 % des filles et 45 % des garçons d’origine algérienne (deux parents immigrés) vivaient avec un conjoint « natif au carré »2 en 1992.

Malgré mes mises en garde de l’époque, ces résultats sur la mixité des unions ont été systématiquement interprétés comme portant sur les mariages. On en a aussi trop souvent déduit que cette mixité reflétait en gros celle de personnes d’origine étrangère musulmanes. Or aucune information sur leur appartenance religieuse n’était disponible. S’est ainsi répandue l’idée selon laquelle la mixité était loin d’être dérisoire chez les musulmans de France. On s’est notamment vanté de nos bons résultats par rapport à l’Allemagne, alors que les enfants de Turcs, en France comme en Allemagne, ne sont pas plus enclins à la mixité et vont très souvent se marier en Turquie.
Seize ans plus tard, l’INED et l’INSEE ont conduit une nouvelle enquête, appelée « Trajectoires et origines » (TEO), plus large et plus systématique, sur les immigrés âgés de 18 à 60 ans et les enfants d’immigrés âgés de 18 à 50 ans de toutes origines. L’origine et l’affiliation religieuse des enquêtés, de leur premier conjoint et de leur conjoint actuel, lorsqu’elles diffèrent, sont connues. Les échantillons sont plus larges, mais dispersés sur des tranches d’âges plus amples. L’enquête TEO permet donc d’avoir une idée précise de la manière dont se marient les musulmans, les catholiques et ceux qui ne professent aucune religion.

On se marie dans sa religion et les musulmans ne font pas exception. Ils pratiquent même une endogamie encore plus stricte que les catholiques puisque environ 90 % des musulmans enfants d’immigrés nés en France ou venus en France enfants ont célébré un premier mariage avec un conjoint de même confession, les hommes comme les femmes (contre 80 % en moyenne chez les catholiques). La théorie de l’assimilation voudrait que l’exogamie soit facilitée chez ceux qui ont eu un contact prolongé avec la société française. Ce n’est pas le cas, puisque les musulmans entrés comme adultes en France contractent un peu moins de mariages endogames que les enfants d’immigrés nés ou élevés en partie en France.
Une actualisation en 2008 des unions conclues par les enfants d’origine algérienne nés en France, et appartenant aux générations enquêtées en 1992, aboutit, seize ans plus tard, à une proportion d’unions mixtes voisine de 36 % pour les hommes comme pour les femmes.

L’endogamie religieuse est supérieure à l’endogamie ethnique parce que les parents immigrés musulmans n’ont pas toujours transmis leur religion à leurs enfants ou que ces derniers s’en sont détournés. Les enfants de musulmans sortis de la religion ne se marient donc pas comme musulmans. C’est la sécularisation qui facilite l’exogamie. Or celle-ci a reculé entre l’enquête MGIS de 1992 et l’enquête TEO de 2008 : les 20-29 ans ne sont plus que 14 % à se déclarer sans religion contre 30 % en 1992. La transmission de l’islam dans les familles d’au moins un parent musulman a été minoritaire parmi les enfants nés en 1958 1964 (43 %). Elle a doublé parmi ceux qui appartiennent aux générations 1985-1989. Il ne faut donc pas s’attendre à une progression de l’exogamie dans les populations originaires de pays musulmans mais, au contraire, à un recul. L’endogamie religieuse des musulmans est d’autant plus remarquable qu’ils sont encore très minoritaires (6,4 % de la population de la France en 2008, 8 % des 18-50 ans).

Les espoirs étaient en partie fondés sur l’observation, en 1992, d’une sécularisation non négligeable des populations d’origine algérienne dont on attendait qu’elle s’approfondisse, suivant en cela la tendance globale observée en France. Or, rien de tel ne s’est produit. La sécularisation croissante de la société française n’a pas été un facteur d’entraînement mais de raidissement. Résultat, le catholicisme est en chute libre alors que l’islam se transmet de mieux en mieux. C’est un fait, et l’on ne peut reprocher aux musulmans l’effondrement de la croyance dans la religion majoritaire. En revanche, ils ont parfaitement compris qu’une stricte endogamie était nécessaire pour que l’islam prospère en France, et plus largement en Europe. Reste à savoir comment le modèle assimilateur français pourrait encore fonctionner sans le secours des mariages mixtes, d’autant que ce modèle est passé de mode parmi les élites françaises qui lui préfèrent la valorisation de la diversité. Elles vont être servies.

 

SOURCE http://www.causeur.fr/mariages-mixtes-des-fantasmes-aux-chiffres-20201.html

26/05/2016

Austria : La democrazia confiscata dall'UE, costi quel che costi

L’Austria è un piccolo Paese ed è una democrazia consolidata. I politologi sanno che più è piccolo è il Paese, più efficaci sono i controlli, meno elevato è il rischio di brogli. Sì, come in ogni comunità sono possibili pressioni su singoli elettori e “galoppinaggi” ma in proporzioni talmente limitate da risultare ininfluenti, soprattutto in un’elezione nazionale.

Per questa ragione, a caldo non ho creduto ai sospetti di brogli sulle presidenziali, decise al fotofinish. Ora però il sospetto diventa decisamente plausibile. Alcuni media austriaci hanno rilevato anomalie macroscopiche.

Nel collegio “Waidhofen an der Ybbs”, l’affluenza al voto è stata del… 146,9%. Sî, avete letto bene: 146,9%. Ci sono stati più votanti degli aventi diritto: 13.262 quelli che si sarebbero recati alle urne contro i soli 9.026 che avrebbero potuto partecipare alla consultazione elettorale. Ha vinto, ovviamente, Van der Bellen, che ha collezionato il 52,7% (6.621 voti) contro il 47,3% del candidato di destra, Hofer (5.938 voti)”.

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Vabbè, si potrebbe pensare, sono circa 700 voti. Ma che dire di quel che è successo in una città come Linz? L’affluenza alle urne, nel caso di voto ‘per conto terzi’ è stata addirittura del 598%: si tratta di persone malate che danno la procura ad altre per votare al posto loro (vedi qui). Invece dei 3.580 votanti registrati, ne sono stati contati 21.060! Naturalmente ha vinto Van der Bellen, che ha ottenuto 14mila di questi miracolosi 21mila votanti e staccando Hofer di 8500 schede.

Mauro Bottarelli sul Sussidiario segnala inoltre come il numero dei votanti dall’estero sia aumentato di 20mila schede in una notte: il presidente della Commissione elettorale ha dichiarato che ne erano state consegnate 740’000, stimando che quelle valide sarebbero state 700’000 (dunque circa il 6% di schede nulle per vari motivi). Al mattino però, erano diventate 760’000, tutte straordinariamente valide. In tutto sessantamila schede in più!

E sono solo tre episodi. E’ verosimile che ce ne siano altri. Ora, facciamo due conti Van der Bellen ha battuto Hofer per 8500 preferenze sospette a Linz, 700 nel collegio di Waidhofen e se ne potrebbero ipotizzare 20mila dei miracolosi 60mila voti in più per corrispondenza ( considerando 2/3 al verde, 1/3 a Hofer). E fanno 29’200 voti non chiari in più per il candidato ecologista. Che alla fine ha vinto con 31mila schede di scarto.

Vuoi vedere che in realtà gli austriaci hanno eletto un altro presidente, quello che ufficialmente ha perso? Cose inimmaginabili in un Paese europeo, in una democrazia matura consolidata, eppure i dati suggeriscono un’altra verità. Decisamente inquietante.

FONTE http://blog.ilgiornale.it/foa/2016/05/26/brogli-in-austria-leggete-questi-dati-qualcosa-davvero-non-torna/

Il campo dei santi

Non c’è che da rallegrarsi che la nostra Marina sia riuscita a salvare altri 500 migranti naufragati al largo delle coste libiche quando il loro barcone si è rovesciato. Aiutare chi è in pericolo è la legge del mare, ed è una legge nobile e giusta.C’è, tuttavia,un problema:e qui non ci troviamo di fronte a naufraghi “normali”, come potrebbero essere quelli di un peschereccio o di un mercantile, che una volta portati a terra se ne ritornano a casa propria. Qui abbiamo a che fare con naufraghi “volontari”, cioè con persone che si imbarcano scientemente su natanti non in grado di compiere la traversata dalla Libia alle coste italiane, nella certezza che comunque saranno ripescati da qualche nave che incrocia nella zona proprio a questo scopo (unità navali italiane, di Frontex, perfino di organizzazioni umanitarie di vario tipo) e portati a destinazione. E’ vero che, purtroppo, l’operazione non riesce sempre, e che nel corso degli anni centinaia di persone, soprattutto donne e bambini che sono i più deboli, hanno trovato la morte. Ma i “disperati” si imbarcano egualmente anche se vedono che il natante loro destinato non è in grado di tenere il mare, perché le probabilità di farcela sono molto maggiori di quelle di finire in fondo al mare.
Noi troviamo questo meccanismo assurdo: dispiegando una flotta per soccorrere i naufraghi, non solo incoraggiamo un maggior numero di migranti a tentare l’avventura, ma facciamo anche il gioco dei cosiddetti “mercanti di carne umana”, che possono vendere a caro prezzo “passaggi” anche su natanti sgangherati su cui, senza la garanzia del recupero, ben pochi accetterebbero di salire. Se riteniamo – come Papa Francesco e molti altri – che tutti coloro che vogliono venire in Europa debbano essere accolti, sarebbe meglio offrire loro, naturalmente non a tutti insieme, ma a ragionevoli scaglioni – un viaggio sicuro su un traghetto: eviteremmo le tante vittime che il mare continua a fare, taglieremmo fuori gli scafisti e risparmieremmo anche un sacco di soldi. Se invece siamo del parere che bisogna accogliere soltanto i veri profughi, e non i migranti economici, facciamo sapere a tutto il mondo che la selezione verrà fatta addirittura a bordo delle navi soccorritrici e che chi non ha diritto d’asilo non verrà portato in Italia, ma rispedito subito indietro. Fare la selezione in terraferma è una pura illusione, perché chi sa di essere abusivo non aspetterà di essere esaminato e alla prima occasione si aggiungerà alle centinaia di migliaia di clandestini. E anche se accetterà di aspettare l’esito della sua pratica, mantenuto con 35 euro al giorno che al suo Paese rappresentano una fortuna, difficilmente sarà poi rimpatriato.
Ma torniamo con i piedi per terrea, cioè alla situazione attuale, destinata a peggiorare nel corso dell’estate: i gommoni continueranno a partire, i (spesso solo potenziali) naufraghi continueranno a essere salvati e sbarcati nei porti della Sicilia, della Calabria e della Puglia, dove in base agli accordi europei dovranno essere registrati e presi in carico dalle nostre autorità. Anche se il governo tende a minimizzare, prima della fine dell’anno potrebbero essere mezzo milione o anche più. Ma – e qui sta la questione cruciale – perchè dobbiamo prenderceli tutti noi, quando una buona parte aspira in realtà a raggiungere altri Paesi della UE? Perché, anche se vengono ripescati da una nave norvegese o inglese, li scaricano comunque nei nostri porti? Perché, questa è la risposta, così vogliono gli accordi di Dublino, che da mesi cerchiamo, senza risultati tangibili, di modificare. Al contrario, per evitare che chi sbarca in Italia possa dirigersi al Nord, si minaccia di erigere barriere come quelle che hanno chiuso la cosiddetta rotta balcanica. Allora, prendiamo il coraggio a quattro mani e denunciamoli, questi accordi, rifiutando di applicarli fino a quando l’Europa non si deciderà a varare una politica che non lasci tutto il peso della migrazione sulla nostre spalle, come è capitato alla povera Grecia lo scorso anno con i tragici risultati che abbiamo visto in TV.

FONTE http://blog.ilgiornale.it/caputo/2016/05/25/ma-perche-tutti-i-migranti-finiscono-da-noi/

da leggere https://www.amazon.it/campo-dei-santi-Jean-Raspail/dp/8898672586/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1464248710&sr=1-1&keywords=il+campo+dei+santi (ostracizzato in quanto contrario al progetto massonico europeo)

 

24/05/2016

Arabia Saudita epicentro del cancro islamista

Avete presente l’iniziativa del collettivo artistico PixelHELPER? Una settimana fa hanno proiettato sull’ambasciata saudita a Berlino la bandiera nera del Califfato corredata dalla scritta “Banca dell’Isis”. Un gesto certamente forte e che ha anche una base di verità.

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I miliziani dello Stato islamico infatti si trovano già in Europa perché aiutati dai nostri “alleati”, Arabia Saudita in testa. Anzi: sono proprio i nostri “alleati” a plasmare i jihadisti. 


Per approfondire: Bosnia, nel mirino dell’Isis


Lo spiega bene un’inchiesta pubblicata dal New York TimesIn Kosovo i terroristi si moltiplicano grazie ai fondi sauditi. Nel 1999 i caccia della Nato bombardano i serbi, aiutando la regione kosovara ad ottenere l’indipendenza. È a questo punto che subentrano i sauditi, facendo cadere fondi a pioggia su questa terra appena liberata. L’obiettivo è quello di diffondere il wahhabismo, forma radicale dell’islam e “religione di Stato” in Arabia Saudita. Pensate per esempio che in Kosovo, su 800 moschee, 240 sono state costruite dopo la guerra dai sauditi proprio con lo scopo di diffondere il loro credo.

Come riporta il New York Times, dal Kosovo sono partiti 314 volontari per il jihad. Tra questi ce ne sarebbero almeno due che si sono fatti saltare in aria, 44 donne e 28 bambini. Secondo quanto affermato dagli investigatori kosovari, “sono stati radicalizzati e reclutati da imam estremisti e da associazioni finanziate dall’Arabia Saudita a da altri Stati del Golfo”. L’obiettivo di questi finanziamenti è quello di andare a reclutare – come spiega il capo dell’antiterrorismo kosovaro Fatos Makolli – persone vulnerabili e giovani. Chi, insomma, è facile da plagiare per spedirlo al fronte. Come spiega Fulvio Scaglione in Il patto con il diavolo. Come abbiamo consegnato il Medio Oriente al fondamentalismo e all’Isis, i sauditi hanno speso negli ultimi 70 anni ben 90 miliardi di sterline per propagandare il wahhabismo.


Per approfondire: La figura del predicatore radicale


 I risultati di questa operazione sono stati nefasti e, almeno nel caso degli attentati di Bruxelles, hanno ferito duramente l’Europa. I quartieri islamisti in Belgio che hanno accolto Salah Abdeslam, uno degli attentatori parigini, sono nati grazie ai soldi dell’Arabia Saudita. E lo stesso sta accadendo in Kosovo. Giorno dopo giorno, i sauditi inviano soldi e imam, radicalizzando la popolazione. A novembre 2015, il New York Times definiva l’Arabia Saudita uno Stato islamico che ce l’ha fatta. Un’analisi impeccabile. Ma allora perché continuiamo a collaborare con loro?

FONTE:

About Matteo Carnieletto

Nato a Cantù il 28 febbraio del 1990, entro nella redazione de ilGiornale.it nel dicembre del 2014. Da sempre appassionato di politica estera, ho scritto assieme ad Andrea Indini “Isis segreto”, “il tuffo fisico di due cronisti dentro la mela

Francesco di Buenos Aires si prende per Francesco d'Assisi

Le dichiarazioni rese da Papa Francesco in Turchia raffigurano una Chiesa cattolica irrimediabilmente persa nel relativismo religioso che la porta a concepire che l'amore per il prossimo, il comandamento nuovo portatoci da Gesù, debba obbligatoriamente tradursi nella legittimazione della religione del prossimo, a prescindere dalla valutazione razionale e critica dei suoi contenuti, incorrendo nell'errore di accomunare e sovrapporre persone e religioni, peccatori e peccato.

Quando il Papa ha giustamente detto «la violenza che cerca una giustificazione religiosa merita la più forte condanna, perché l'Onnipotente è Dio della vita e della pace», dimentica però che il Dio Padre che concepisce gli uomini come figli, che per amore degli uomini si è incarnato in Gesù, il quale ha scelto la croce per redimere l'umanità, non ha nulla a che fare con Allah che considera gli uomini come servi a lui sottomessi, legittimando l'uccisione degli ebrei, dei cristiani, degli apostati, degli infedeli, degli adulteri e degli omosessuali («Instillerò il mio terrore nel cuore degli infedeli; colpiteli sul collo e recidete loro la punta delle dita... I miscredenti avranno il castigo del Fuoco! ... Non siete certo voi che li avete uccisi: è Allah che li ha uccisi» (Sura 8:12-17). Quando il Papa all'interno della Moschea Blu si è messo a pregare in direzione della Mecca congiuntamente con il Gran Mufti, la massima autorità religiosa islamica turca che gli ha descritto la bontà di alcuni versetti coranici, una preghiera che il Papa ha definito una «adorazione silenziosa», affermando due volte «dobbiamo adorare Dio», ha legittimato la moschea come luogo di culto dove si condividerebbe lo stesso Dio e ha legittimato l'islam come religione di pari valenza del cristianesimo.

Perché il Papa non si fida dei propri vescovi che patiscono sulla loro pelle le atrocità dell'islam, come l'arcivescovo di Mosul, Emil Nona, che in un'intervista all' Avvenire del 12 agosto ha detto «l'islam è una religione diversa da tutte le altre religioni», chiarendo che l'ideologia dei terroristi islamici «è la religione islamica stessa: nel Corano ci sono versetti che dicono di uccidere i cristiani, tutti gli altri infedeli», e sostenendo senza mezzi termini che i terroristi islamici «rappresentano la vera visione dell'islam»?

Quando il Papa intervenendo al «Dipartimento islamico per gli Affari religiosi» ha detto «noi, musulmani e cristiani, siamo depositari di inestimabili tesori spirituali, tra i quali riconosciamo elementi di comunanza, pur vissuti secondo le proprie tradizioni: l'adorazione di Dio misericordioso, il riferimento al patriarca Abramo, la preghiera, l'elemosina, il digiuno...», ha reiterato

la tesi del tutto ideologica e infondata delle tre grandi religioni monoteiste, rivelate, abramitiche e del Libro, che di fatto legittima l'islam come religione di pari valore dell'ebraismo e del cristianesimo

e, di conseguenza, finisce per delegittimare il cristianesimo dato che l'islam si concepisce come l'unica vera religione, il sigillo della profezia e il compimento della rivelazione. Così come quando il Papa ha aggiunto che «riconoscere e sviluppare questa comunanza spirituale – attraverso il dialogo interreligioso – ci aiuta anche a promuovere e difendere nella società i valori morali, la pace e la libertà», ha riproposto sia una concezione errata del dialogo, perché concepisce un dialogo tra le religioni mentre il dialogo avviene solo tra le persone e va pertanto contestualizzato nel tempo e nello spazio, sia una visione suicida del dialogo dal momento che il nostro interlocutore, i militanti islamici dediti all'islamizzazione dell'insieme dell'umanità, non riconosce né i valori fondanti della nostra comune umanità né il traguardo della pacifica convivenza tra persone di fedi diverse dall'islam.

Anche quando il Papa ha detto «è fondamentale che i cittadini musulmani, ebrei e cristiani - tanto nelle disposizioni di legge, quanto nella loro effettiva attuazione -, godano dei medesimi diritti e rispettino i medesimi doveri», ci trova assolutamente d'accordo. A condizione che l'assoluta parità di diritti e doveri concerne le persone, ma non le religioni. Perché se questa assoluta parità dovesse tradursi nella legittimazione aprioristica e acritica dell'islam, di Allah, del Corano, di Maometto, della sharia, delle moschee, delle scuole coraniche e dei tribunali sharaitici, significherebbe che la Chiesa ha legittimato il proprio carnefice che, sia che vesta il doppiopetto di Erdogan sia che si celi dietro il cappuccio del boia, non vede l'ora di sottometterci all'islam.

magdicristianoallam.it

 

Du coté de la surmusulmane (Tu lis ça et t'as tout compris)

Myriam B*** est une jeune musulmane comme on aimerait en voir plus souvent : originaire des Quartiers Nord de Marseille, elle a su en sortir, elle est apparemment libérée, mène la vie qu’elle entend, et réussit de brillantes études — elle est présentement en Master de Droit. Vêtue plus ordinairement de mini-jupes et de jeans moulants que de voiles — en fait, elle n’a jamais porté de voile. Maquillée assez pour avoir l’air d’une seconde Nefertiti — une Egyptienne d’avant l’Islam. Ajoutons qu’elle est issue d’une double souche algéro-marocaine, preuve que les frères ennemis peuvent, s’ils le veulent, faire l’amour et pas la guerre. En elle, il y a les traits fins d’une Berbère, et la culture d’une fille formée à l’école de la République — ou plutôt, elle a fait l’effort de sortir de l’enseignement de l’ignorance pour se cultiver réellement.
Je lui ai communiqué mon analyse du livre de Fehti Benslaman dont je parlais la semaine dernière, et elle a bien voulu me faire partager ses réactions de lecture. Qu’elle en soit remerciée.

« Un jour, ma mère m’a surprise en mini-jupe et m’a lancé : « Myriam, tes os sont voués à l’enfer ! » — une malédiction dont l’écho résonne encore en moi.
« Parce qu’à l’inverse du chrétien, il n’y a pas pour le musulman de rédemption intermédiaire. Pas de pardon des offenses — pas ici-bas en tout cas. »

Qu’entendez-vous par « pas de rédemption intermédiaire » ?

« Ce qu’il faut savoir c’est que la culpabilité musulmane est une culpabilité religieuse spécifique — ce n’est pas la culpabilité religieuse que l’on connaît. Lorsqu’un catholique se confesse auprès d’un prêtre, le repentir est une démarche qui implique autrui, elle est hors de soi, autrui (le prêtre) est acteur dans la confession.
« En islam il en est autrement. L’équivalent du prêtre est l’imam, qui n’est présent que comme conseil. Si un musulman avoue ses fautes auprès d’un imam, ce dernier ne pourra que le conseiller de bien agir afin que Dieu lui offre sa miséricorde ; mais il ne pourra pas lui garantir le pardon. Le repentir est une démarche absolument solitaire, elle est en soi, elle n’implique personne d’autre que soi, impactant l’image que l’on a de soi. Dieu n’est pas acteur, il reçoit la demande de pardon mais reste silencieux.
« Alors que le prêtre garantit le pardon, l’imam conseille de s’en remettre à Dieu, un Dieu infiniment silencieux. Deus tacitus !On reste donc coupable à vie ?

« C’est justement cela la nuance : on est dans un doute perpétuel, la certitude d’être coupable en libérerait plus d’un, mais l’on ne sait jamais, on se sent juste coupable parce qu’on ne se sent pas pardonné. La culpabilité chez le musulman est très ancrée et très pesante. Une faute n’est jamais explicitement expiée, puisque c’est après la mort que l’on sait si elle a été pardonnée, et non pendant la vie.
« J’ai d’ailleurs noté, tout au long de mon éducation religieuse, que les péchés sont explicitement définis et sanctionnés. Par exemple si l’on a manqué à son devoir de prière, dans la tombe le musulman sera châtié par l’ange de la mort, qui à l’aide d’une barre de fer le frappera afin qu’il traverse sept couches de terre pour remonter ensuite et subir cela jusqu’au jour du jugement. Mais concernant les bonnes œuvres, la plupart restent indéfinissables, le mal est défini comme le « chirk » (association), ou encore « zina » (adultère), mais quand il s’agit du bien on parle le plus souvent de « bonnes œuvres » sans plus de détails, et la récompense est abstraite. Le paradis, et je reprends le sens que donne le Coran, est un endroit « inimaginable ». La sanction entre dans une logique humaine, la récompense elle, reste inintelligible… La sanction vient à l’esprit bien plus concrètement que la récompense.
« Partant de là, un musulman ne se sentira jamais assez bon (Benslama dit bien qu’il rencontre des musulmans qui ont honte et ne se sentent pas assez musulmans) et être le meilleur des musulmans est une quête vouée à l’échec. D’ailleurs nombre de musulmans qualifient leur religion de très difficile, allez savoir pourquoi… Ainsi, lorsque l’on n’a pas la réponse chez Dieu, on va la chercher soi-même, et donc chez autrui.
« Autrui me dira que je suis un bon musulman, et s’il le fait c’est que Dieu le pense aussi. Mais pour qu’autrui sache que je suis un bon musulman, il me faudra cacher mes fautes sous le voile d’une burqa (interrogez-les femmes portant la burqa et voyez si elles ne se sentent pas fautives de leurs actes passés), sous le nombre de mes prières à la mosquée, et finalement sous ce que je pense d’autrui.
« Si je dis qu’autrui est mauvais musulman, c’est que je suis bon musulman. Si je me bats contre les non-musulmans, c’est que je suis bon musulman. Et, in fine, si je meurs en tuant les non-musulmans, c’est que Dieu lui-même saura que je suis bon musulman. Dieu ! Vois comme je suis bon musulman, je meurs pour toi !
« Sans compter que se balader en burqa, c’est dire aux autres filles qu’on est supérieure — c’est un sentiment de supériorité bon marché ! Plus facile de se voiler en jugeant les autres que de réussir des concours et décrocher un job intéressant ! »

Mince ! Pas moyen de s’en sortir ici et maintenant !

« Si ! Il existe en islam une immunité totale et le pardon absolu de Dieu — si une femme enceinte meurt pendant un crash d’avion, si on meurt en allant à la Mecque, ou encore si on meurt en martyr — et plus généralement, toutes les morts vraiment violentes, à condition bien sûr de faire partie de la communauté musulmane, l’oumma.
« Camus a célébré dans l’islam l’intelligence du musulman à donner un sens à la vie. Mais ce n’est pas seulement le désespoir de la vie qui mène à la mort, c’est aussi ce qui se passe durant la période sombre : c’est dans le désespoir que les jeunes fautent, volent, se droguent, et finissent par se sentir coupables. Les laveurs de cervelles instrumentaliseront cela. Un ami musulman libéré lui aussi, Wilem B…, banquier d’affaires, a voulu me mettre face à une contradiction. Et ceux qui n’ont pas été éduqués dans la culpabilité ? Ceux qui se sont récemment convertis et qui pourtant font la majorité des terroristes ?
« Eh bien, c’est encore une preuve que la culpabilité est le noyau de tout ! D’abord, rien ne prouve que le ou la jeune converti(e) n’a pas été élevé(e) dans la culpabilité — l’islam n’en a pas le monopole, même si chez lui c’est un principe. Et puis ce que l’on ne sait pas forcément, c’est que tout fidèle d’une autre religion qui se convertit à l’islam est bien mieux accueilli par Dieu que n’importe quel musulman. Les musulmans ont tous un immense respect envers les néo-convertis, comme des jésuites assistant à l’émanation d’une grâce divine. Par exemple un chrétien à qui l’on dit que jusque là il a été dans le faux, dans le mauvais chemin, que s’il se convertit il pourra nettoyer son mauvais sang, celui-là n’est-il pas ré-éduqué à ce même sentiment de culpabilité ? On lui dit « tu as été coupable mais tu ne le seras plus, et en mourant pour Dieu, tu te laveras de tous tes péchés », car cette religion, ou ce qu’on en fait, trouve son moteur dans la culpabilité.
« La mort du djihadiste n’est pas qu’héroïque : C’est une manière de se punir consciemment ou inconsciemment en mourant pour Dieu. Je me sens coupable, si coupable que pour que Dieu me tende un paradis, il n’y a que la mort. »

On n’en sort donc pas ?

« L’islam est aussi une religion qui oblige à la vie familiale, afin de perpétuer la communauté musulmane, on dit que 50% de nos bonnes œuvres doivent être réalisées dans le cadre de la famille. Les jeunes qui se lancent dans le djihad passent tous par l’étape mariage. Il est amusant de noter en particulier dans les cités que les jeunes qui ne se lancent pas dans le djihad choisissent de se marier, c’est un phénomène extrêmement récent, qu’on ne remarque pas, et qui a tout de suite suivi le nouveau terrorisme. Il y a de plus en plus de mariages de jeunes délinquants : par exemple mes voisins ont respectivement 18 et 19 ans, ils sont mariés avec un enfant, et ils sont délinquants. Ce n’est pas qu’une mode, c’est aussi la culpabilité, la honte de ne pas être parmi les élus, les meilleurs, ceux qui partent en guerre sainte. Explicite ou enfouie, et sous toutes ses formes, la culpabilité reste là. C’est le ver rongeur, le ver irréfutable, comme dit le poète. »

Bravo pour Valéry !

« Alors vous comprendrez qu’une religion qui entretient le sentiment de culpabilité pour n’importe quelle faute commise, n’offrant dans son sens littéral que certaines morts spectaculaires pour expier ses fautes avec certitude, n’est pas une religion comme les autres. C’est une religion dont l’exégèse doit se faire avec grande prudence, car elle peut dériver très facilement. Un jeune qui va se péter la cervelle en plein Bataclan est un jeune chez qui on a cultivé cette culpabilité, c’est l’irrationalité de ce sentiment qui rationalise la mort elle-même.
« Parce que la culpabilité musulmane est le centre de tout, c’est une culpabilité qui poursuit n’importe quel musulman, jusqu’à sa mort. L’extrémisme ou plutôt les jeunes que l’on pousse aux actes extrêmes ont le sentiment auto-suggéré d’être les meilleurs des musulmans — des surmusulmans, comme dit Benslama. Ils annihilent leur culpabilité en s’annihilant eux-mêmes.

« Voilà ce que je pense vraiment de l’islamisme, et voilà pourquoi l’Education nationale qui veut lutter contre la radicalisation n’a vraiment rien compris : il faut aider les jeunes à se débarrasser de ce sentiment de sa culpabilité, ou empêcher qu’elle puisse s’ancrer. »

 

 

Concrètement, comment s’exprime ce sentiment de culpabilité ?

« Les jeunes se sentent coupables car ils ont baigné dans une éducation à la culpabilité sur le long terme ou sur le court terme — and so do I ! Et cette culpabilité induite a entraîné en moi certains comportements que je ne peux réfréner. Et toute agnostique que je sois, ou à peu près, je reste dans cette idéologie de la faute — et de la punition. Il m’arrive de me dire que je suis vouée à l’enfer parce que je ne prie pas, que je ne porte pas le voile, chaque faute est considérée comme grave. Et si j’avais été faible et ignorante, j’aurais voulu me péter la cervelle au Bataclan pour me faire pardonner de ce qui soi-disant est une terrible faute, j’aurais pensé que ma vie entière est une terrible faute, j’aurais voulu me racheter en payant le seul prix possible.
« Etudier le djihadisme implique l’analyse de la pratique religieuse en détail. Par exemple, il n’y a pas que les sentiments de désespoir, d’ennui, de volonté héroïque ou de culpabilité, qui sont à revoir, mais aussi la compétition qui vous lie intrinsèquement à tous les autres, parce que l’islam pousse à la compétition. Vous entendrez volontiers une femme dire à une autre : « Tu as de la chance, tu es partie à la Mecque, alors que moi non ». C’est poussé à un point tel, que toujours dans cette logique de parade compétitive, le ramadan lui-même est exploité. Ce doit être un mois de jeûne, prônant l’humilité, la modestie et la générosité. Mais ce n’est pas le cas : tous les hommes sortiront leur robe de prière pour marcher dans les rues, en groupe la plupart du temps. Et le soir venu, c’est à celui qui aura prié le plus souvent, « le taraouih » à la mosquée jusqu’à minuit passé : vois comme je lutte contre le sommeil et la fatigue physique d’une journée de jeûne !
« Je suis sûre que presque personne ne ferait le taraouih, s’il fallait le faire seul, dans son salon, mais c’est une prière communautaire… Par volonté de se crédibiliser auprès de tous et par là de Dieu, on crée des degrés à la religiosité du ramadan lui-même.
« Il existe d’ailleurs, toujours dans le thème de la compétition, une hiérarchie dans les paradis, il n’y a pas le paradis mais les paradis, le plus haut niveau est dédié aux prophètes les plus rapprochés de Dieu, et aux martyrs, le plus bas niveau est attribué aux simples musulmans. Voilà pourquoi la notion de « meilleur des musulmans » ou de « surmusulman » est exploitée par Benslama : il y a une véritable compétitivité dans cette religion. Etre avec les prophètes au septième niveau, c’est finalement être comme les prophètes : imaginez ce que cela représente pour un musulman honteux de chacune de ses irrémédiables fautes, à quel prix y accéder ?
« Je suis alors guerrier, j’ai plusieurs femmes et je vis au Moyen-Orient : je suis djihadiste, et si je ne suis pas un prophète, je suis dans tous les cas un martyr. C’est con, hein ? »

Propos recueillis par Jean-Paul Brighelli

SOURCE http://blog.causeur.fr/bonnetdane/

12/05/2016

Sadiq Khan, l'opportuniste

Dans nos gazettes bien-pensantes habituelles, Le Monde, Libération, sur les ondes de Radio France, on ne cache pas sa joie : « Alleluïa ! Londres, la plus grande métropole européenne vient d’élire un maire musulman ! Gloire à Sadiq Khan, fils de chauffeur de bus pakistanais qui vient de mettre la pâtée au rejeton de milliardaire juif Goldsmith dans la plus hype des villes-monde d’Occident ! »

Le storytelling se déploie en XXL racontant la saga d’un petit « paki » escaladant à la force de son intellect et de son talent l’échelle sociale britannique, musulman pratiquant, certes, mais si modéré et propre sur lui qu’on lui donnerait le bon Dieu anglican sans confession. Au Monde, l’éditorialiste de service profite même de l’occasion pour mettre la honte à la classe politique française : « En France, quelques places sont réservées, au gouvernement, aux éléments les plus prometteurs des milieux issus de l’immigration. Mais les places éligibles dans les listes des partis, au moment du scrutin, restent généralement inaccessibles. C’est une erreur stratégique, que nous payons cher ». Ben voyons ! Comme si, par exemple, Madame Rachida Dati avait dû ramer comme une malade pendant des années sur les marchés du 7ème arrondissement de Paris pour se faire élire maire du plus bourge des arrondissements de la capitale !

La réalité est toute autre. Sadiq Khan est un pur produit du communautarisme territorial modèle britannique. Celui qui passe par le Parti travailliste et un système électoral (scrutin majoritaire à un tour) qui assigne à résidence politique les candidats issus de l’immigration aux circonscriptions où le poids démographique de leurs coreligionnaires issus de leur ethnie détermine le résultat de l’élection.

Sadiq Khan, avocat spécialisé dans la défense des droits de l’homme, en fait défenseur des extrémistes musulmans de tous poils œuvrant dans le Londonistan de naguère, conseiller juridique du Muslim Council of Britain, a longtemps fricoté avec les islamistes radicaux avant de prendre ses distances (apparentes) avec eux une fois son objectif atteint : la conquête en 2004, de la circonscription électorale de Tooting, au sud de Londres.

J’ai, pour des raisons familiales, fréquenté Tooting, où l’un de mes enfants expat’, mais pas trader, avait planté sa tente avec sa famille car c’était un des rares endroits de Londres encore abordable pour son budget de l’époque. Hormis les petites maisons en briques rappelant le passé de banlieue ouvrière du quartier, on se serait cru à Lahore ou à Karachi, tant le spectacle de la rue, des commerces révélait la ghettoïsation d’un secteur d’où les « natives » piliers de pubs rouquins ou mémères en bigoudis avaient déguerpi depuis belle lurette. De fil en aiguille, Tooting est devenu un fief réservé à un élu pakistanais, adoubé par les mosquées locales. Sadiq Khan, qui faisait l’éloge public de Youssef Al-Qaradawi, le prédicateur extrémiste et antisémite de Al Jazeera, dûment tamponné « halal », par les autorités religieuses du secteur, l’emporta haut la main à sa première tentative d’entrée à la chambre des Communes.

En revanche, il avait quelque souci à se faire pour sa réélection en 2010, puisqu’il était comptable, devant ses mandants, des prises de positions de son patron, Tony Blair, dans la guerre d’Irak, comme fidèle allié de Georges W. Bush, et de sa politique de lutte antiterroriste. Il avait bien, au lendemain des attentats de Londres de 2005, pris ses distances avec Blair, en imputant au soutien de Downing Street à la campagne israélienne contre le Hezbollah libanais la propension des djhadistes britanniques à assassiner leurs concitoyens, mais l’élection s’annonçait tout de même périlleuse. Son principal concurrent était en effet un autre anglo-pakistanais, Nasser Butt, candidat du Parti libéral-démocrate, qui pouvait, lui, se targuer que sa formation politique avait voté contre l’engagement britannique dans la guerre d’Irak, une position largement partagée par les électeurs de Tooting… Seulement voilà : Nasser Butt était membre de la secte musulmane des Ahmadistes, une obédience quiétiste fondée en 1889 dans l’Inde coloniale, prônant la tolérance et le djihad par la plume et non pas par l’épée, dont les quelques dix millions de fidèles sont répartis à travers le monde, majoritairement en Inde et au Pakistan. Persécutés après l’indépendance par les majorités sunnites, beaucoup d’entre eux émigrent, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et au Canada. L’Organisation de la conférence islamique les excommunie, et les interdit de pèlerinage à La Mecque. Monsieur Sadiq Khan, le grand libéral aujourd’hui porté au pinacle, a joué à fond, en 2010, la carte religieuse pour être réélu, traitant son concurrent d’hérétique indigne de recevoir les suffrages des vrais croyants. Et ça marche.

Son ascension au sein du Labour, dans le sillage de Jeremy Corbyn, lui ouvre d’autres perspectives : fini Tooting et les odeurs de curry, à lui Londres, la City, les fastes du Lord Maire et pourquoi pas, demain, Downing Street, une fois dégagé le vieux gaucho de la tête du Parti travailliste ? Le discours change, on vote pour le mariage gay, on caresse les juifs dans le sens du poil (virage à 180° sur le boycott des produits israéliens), et vogue la galère. Tous les gogos de la planète bobo européenne lui font une standing ovation, les chaisières de la gauche morale se pâment. Seul, un vieux ronchon dans mon genre se remémore la ritournelle de Jacques Lanzmann, magnifiquement interprétée par Jacques Dutronc, « L’opportuniste » :

« Je n’ai pas peur des profiteurs
Ni même des agitateurs
Je fais confiance aux électeurs
Et j’en profite pour faire mon beurre

Il y en a qui conteste
Qui revendique et qui proteste
Moi je ne fais qu’un seul geste
Je retourne ma veste
Je retourne ma veste
Toujours du bon côté »